lundi 30 mars 2009

Qui comme Ulysse de Georges FLIPO

"Elena ne le sait pas, elle est une proie. Et je suis un rapace.
Un rapace ni méchant ni goulu, qui pioche doucement dans le quotidien d'Elena, qui fouille pour lui arracher les morceaux les plus humbles, les plus savoureux : ses malheurs. Car Elena n'a pas seulement le don d'attirer les infortunes sur elle, sur son entourage, elle sait les raconter avec de petites touches qui font le succès de mon œuvre."

flipoJ'ai découvert ce livre grâce au très joli blog Fabula Bovarya (clic !) et je crois bien que je l'ai aimé avant même de l'avoir entre les mains ! J'aime les titres qui sont des morceaux de phrases, comme des bouts de discours suspendus et donc mystérieux. J'aime les sculptures en acier et cet Homme aux valises de Gilles Blanchard qui illustre la couverture est très beau. J'aime les nouvelles qui élaborent tout un monde en quelques mots et j'ai eu le plaisir de découvrir que Georges Flipo détient cet art. J'aime les livres qui voyagent, se partagent. Aussi n'ai-je guère hésité quand Alwenn m'a proposé d'écrire à Georges Flipo pour que son recueil de nouvelles fasse une étape chez moi, même si je suis toujours assez impressionnée d'écrire à un écrivain et que j'ai mis trois jours avant de le faire !
Le temps que le livre arrive, j'ai parcouru le blog de Georges Flipo (clic !), un peu anxieuse je dois dire car je ne voulais pas trop en savoir sur les nouvelles que je m'apprêtais à lire. En fait, j'ai surtout découvert un homme à la plume malicieuse, parfois caustique, prompt à l'auto-dérision et de ce fait je me suis attendue à lire des récits plutôt humoristiques.

Quand il est arrivé, je n'ai pas ouvert le livre à la première page mais à la dernière. En effet, l'un de mes plaisirs lorsque je tiens un recueil entre mes mains, c'est de me rendre d'abord à la table des matières pour y découvrir les titres, me laisser aller à imaginer où chacun d'eux me mènera puis choisir quel récit sera ma première escale. Je suis ainsi entrée dans Qui comme Ulysse par "Un éléphant de Pataya". J'ai alors compris que le ton serait bien plus sombre que sur le blog de l'auteur. En circuit organisé en Thaïlande, Bruno vit un double voyage : voyage vers l'Autre, qu'il soit le Thaïlandais aux coutumes déconcertantes ou le compagnon de voyage, si semblable et pourtant si étranger ; voyage en lui-même qu'il ne reconnaît pas toujours. Le récit s'interroge sur la moralité de l'Occidental confronté à une culture à mille lieues de la sienne ainsi que sur la difficulté à affirmer (et à assumer) sa différence ; la manière dont le piège de l'incompréhension se referme sur Bruno fait frémir.
J'ai ensuite entrepris mon propre voyage, parcourant le recueil en zigzag. Plus je lisais, plus j'étais séduite. J'ai beaucoup aimé que ces nouvelles abordent des thèmes crus comme le tourisme sexuel ("Un éléphant de Pataya"), la maladie et la mort d'un enfant ("l'île Sainte-Absence"), le regard des Occidentaux sur la misère du Tiers-Monde ("Nocturne" et "Un éléphant de Pattaya"), la souffrance insoupçonnée des puissants ("La Marche dans le désert"), la honte de soi qui conduit aux faux semblants ("Confiteria Ideal"), autant de sujets assez rares, traités ici sans misérabilisme aucun mais avec un habile équilibre entre désarroi et dérision.

J'ai également aimé la variété des registres : poétique ("L'Île Sainte-Absence"), tragi-comique ("La Marche dans le désert"), étrange ("Le Voyage vers le frère"), violent ("Et à l'heure de notre mort"), coquin ("l'Incartade"), sombre ("L'Indifférent") ... Alors que je m'étais attendue à des nouvelles humoristiques ce sont finalement images les rares qui le sont ("l'Incartade", "Qui comme Ulysse" dans une moindre mesure) qui m'ont le moins touchée, à l'exception de "La Route de la soie" qui m'a beaucoup plu. Ce dernier récit m'a d'ailleurs interpellée car son protagoniste est un faux voyageur ... tout comme les nouvelles de ce recueil, même si elles se passent chacune dans un pays différent, ne traitent pas vraiment de voyage au sens où on l'entend habituellement. En effet, il s'agit davantage du voyage de la vie, du périple d'âmes solitaires vers les Autres toujours trop difficiles à atteindre, que d'escapades touristiques.

Deux nouvelles, "Qui comme Ulysse" et "Rapace", abordent le thème de l'écriture, plus précisément de la difficulté à écrire, et c'est sans doute dans ces récits-là que j'ai le plus retrouvé le ton ironique du blog de l'auteur. Dans les deux cas, l'écrivain s'en tire avec une pirouette, qui masque à peine l'angoisse et la solitude face à la page blanche.

J'ai été émue par ces héros, ou plutôt anti-héros, qui, faute de parvenir à atteindre l'Autre, à se faire comprendre et donc connaître de l'Autre, entament un (parfois ultime) voyage intérieur, en eux-mêmes, et se trouvent presque surpris de l'âme qu'ils se découvrent.

Merci à Alwenn de m'avoir permis d'entrer en contact avec Georges Flipo ; merci Monsieur Flipo de m'avoir fait partager cette jolie expérience de livre voyageur et, surtout surtout, de m'avoir fait éprouver tant d'émotion à la lecture de votre recueil.

Un recueil de nouvelles touchant !


samedi 28 mars 2009

Il était temps !

Avec 101 recettes publiées depuis août 2008 et 11 chroniques littéraires en un mois et demi, il était GRAND temps que ce blog s'organise et se lance dans un classement digne de ce nom ! Voilà qui est fait : vous trouverez dorénavant des index dans la colonne de droite, juste au-dessus des images qui renvoient aux articles certes classés par thème mais aussi par ordre chronologique ce qui n'est pas forcément pratique. Le classement alphabétique des index met enfin un peu d'ordre dans tout cela !
Profitez-en pour vous balader et (re)découvrir des articles qui, je l'espère, vous prendront par la main pour vous mener sur les chemins de la gourmandise, qu'elle soit littéraire ou culinaire.

jeudi 26 mars 2009

Yaourts aux fruits


Les expériences yaourtières se poursuivent, avec plus ou moins de bonheur. Après un relatif échec avec des yaourts à la tomate qui n'ont pas fait l'unanimité, le dernier essai, des yaourts aux fruits du verger, a eu davantage de succès !
Pour 8 pots.
Porter à ébullition 75 cl de lait entier. Le verser dans une jatte. Parfumer de deux cuillères à soupe d'extrait de vanille liquide et de deux cuillères à soupe de sirop d'érable. Laisser refroidir une demi heure.
Pendant ce temps, éplucher puis couper en dés une pomme et une poire. Les faire compoter 10 à 15 minutes dans une casserole à fond épais avec une cuillère à soupe de sirop d'érable. Laisser refroidir.
Ajouter 100 grammes de fromage blanc et 2 cuillères à soupe de lait en poudre au lait parfumé. Fouetter.
Répartir les fruits dans les pots puis verser le mélange à base de lait.
Laisser incuber 5 heures puis placer 4 heures au réfrigérateur avant de déguster.

mercredi 25 mars 2009

Un gâteau salé, pour changer : le gâteau de chou !

Voici un plat d'hiver que La Cuisinière Aux Deux Mains Gauches préfère faire au printemps : le gâteau de chou. En effet, même si blanchir le chou évite une trop forte odeur lors de la cuisson, mettre la hotte et ouvrir la fenêtre (dur dur en hiver) assure qu'il n'y aura aucune odeur persistante une fois le plat englouti ! C'est un point essentiel car si le chou a mauvaise presse c'est bien à cause de l'odeur qu'il dégage dès qu'on le cuit alors qu'il est si bon quand on le mange.
Effeuiller un gros chou vert : garder les plus belles feuilles et les faire tremper dans de l'eau froide pour les laver (réserver le cœur pour faire une salade de crudité le lendemain) . Les plonger 4 par 4 dans un grand volume d'eau bouillante durant une petite dizaine de minutes pour les faire blanchir et pré-cuire. Les réserver sur deux torchons pliés et empilés pour absorber l'eau.
Couper deux carottes en rondelles et réserver.
Emincer un oignon et le faire frire dans une poêle chaude avec un peu d'huile. Réserver.
Dans un bol, couper grossièrement une grande tranche de pain et l'arroser de lait.
Dans une jatte, mélanger à la main 200 grammes de viande hachée ou de chair à saucisse avec le pain détrempé, l'oignon, un œuf. Saler et parfumer d'herbes de Provence. Mélanger jusqu'à obtenir une farce homogène.
Chemiser un fait-tout, c'est-à-dire disposer un torchon au fond et le faire remonter sur les côtés. Au fond, disposer 4 grandes feuilles de chou en quinconce. Y mettre les rondelles de carottes :
P1110703
Ajouter la farce
P1110704
Refermer avec de belles feuilles de chou en couvrant bien les côtés
P1110706
Refermer le torchon en serrant le plus possible et le maintenir fermé avec un élastique
P1110707
Retirer du fait-tout le temps d'y verser 200 à 300 ml d'eau (selon la taille de la casserole). Couvrir à moitié et laisser cuire une heure à feu doux. Surveiller qu'il reste toujours un peu d'eau au fond !
Après la cuisson, retirer le torchon et servir sur un plat avec du riz.
P1110708

samedi 21 mars 2009

Les Yeux cernés d'Anaïs JEANNERET


"Comme c'était simple. Il suffisait d'appeler et il arrivait. Ses rides avaient dû s'accentuer, ses paupières avaient dû s'affaisser, mais sa voix caverneuse, cette voix intacte dont aucune inflexion ne trahissait les huit années passées depuis sa fuite, cette voix qui abolissait l'absence, c'était révoltant.
"

41PJ0QV9DHL Jules et Lou se rencontrent au lycée et leur amitié, teintée de désirs non aboutis, est immédiate, comme s'ils se reconnaissaient. Le récit, raconté par Jules, relate dix années de cette amitié, dix années durant lesquelles d'adolescents ils vont devenir adultes un peu malgré eux car ils restent inéluctablement tirés en arrière vers l'enfance. Tantôt leurs vies se croisent, tantôt elles restent parallèles, se livrant à un jeu de miroir : quête du / des père(s), succès artistiques (le cinéma pour Jules, l'écriture pour Lou) malgré l'insatisfaction personnelle, amours dissolues ... tout cela jusqu'à ce que le miroir se fêle ...

C'est une drôle de rencontre que ce livre : je n'en connaissais pas du tout l'auteur (qui pourtant semble avoir fait une carrière certaine au cinéma et en tant que mannequin avant de se consacrer à l'écriture), je n'avais jamais entendu parler de ce roman, et c'est le hasard, favorisé par une Mini Rikiki bien agitée à la bibliothèque qui m'a fait saisir le premier livre à portée de main sur le premier rayonnage, histoire de ne pas rentrer bredouille, qui m'a mise sur son chemin. J'ai d'abord été séduite par une écriture douce et imagée puis parfois agacée par une construction du récit pas toujours habile selon moi. Les personnages ont su me retenir et j'ai livre_4_01finalement eut le sentiment de partager un bout de leur histoire, avec un plaisir simple mais bien réel. J'ai surtout aimé l'ambivalence entre des vies socialement réussies et la part d'ombre, de mystère, de désespoir des personnages, surtout celui de Lou, qui ne se laissent pas vraiment appréhender par le monde extérieur. J'avais espéré une fin moins attendue mais je me suis néanmoins laissée charmer par l'histoire de ces deux personnages, tantôt héros, tantôt anti-héros, qui voguent sur leur vie sans trop savoir où accoster.

Un roman attachant !

vendredi 20 mars 2009

Olives en guest star !

Après Bénédictine venue donner un cours particulier (clic!) à la Cuisinière Aux Deux Mains Gauches et à sa Marmitonne, c'est Olives, alias Zen pour certaines lectrices :-), qui nous fait le plaisir de nous livrer l'un de ses secrets culinaires : les rouleaux de printemps. A lui le clavier !

Comment faire un plat convivial qui soit diététique, qui convienne au plus grand nombre, qui vous évite de passer la soirée dans la cuisine et qui fera certainement rire vos enfants ?
Peler un concombre et le couper en tronçons d'environ 10 centimètres. En retirer le centre avec un outil destiné à enlever le trognon des pommes.

IMGP1046

Découpez le concombre ainsi que deux carottes en fines lamelles.
IMGP1047
Prenez les bâtons d'une boîte de surimi et découpez-les en 6. On ne se plaint pas !! J'aurais pu vous demander de les couper en 7 !
IMGP1049
Faites cuire la viande : une escalope de porc, de poulet ou de veau. Découpez-la au même format que le concombre. La viande étant facultative dans cette recette, vous pouvez donc faire l'impasse. Si vous avez pu prévoir votre recette à l'avance, demandez à votre traiteur chinois de vous préparer du porc laqué nature (sans sauce). Vous rouleaux de printemps seront alors à tomber !
Enfin, la partie la plus longue de la recette : épluchez 150 à 200 grammes de crevettes par personne !
Pour les galettes de riz : deux possibilités. Soit vous les préparez à l'avance et les empilez comme des crêpes, soit vous les préparez à la demande à table ce qui vous évitera de vous embêter à décoller les galettes les unes des autres. Un saladier d'eau tiède fait l'affaire pour les préparer à table : passez rapidement la galette dans l'eau, égouttez-la bien et elle se ramollit toute seule dans l'assiette en quelques secondes.
A TABLE
Présentez vos ingrédients dans des ramequins, idéalement sur un plateau tournant : en plus du concombre, des carottes, de la viande, des crevettes, ajoutez du soja, de la menthe fraîche et de la sauce pour nems.
IMGP1050
La convivialité vient du fait que chaque convive fait son propre rouleau de printemps. L'avantage pour vous est que si ça n'est pas bon, ce n'est pas de votre faute !
Pour rouler son rouleau de printemps (c'est là qu'on rigole !), placez vos ingrédients sur le bord de la galette
IMGP1053
Roulez en serrant bien jusqu'au milieu de la galette. Repliez les côtés puis roulez jusqu'au bout.
IMGP1054
IMGP1055
Et voilà ! Bon appétit !
IMGP1051

Un GRAND merci à toi, Olives !

jeudi 19 mars 2009

Irrésistible !


En attendant de comprendre pourquoi la Cuisinière Aux Deux Mains Gauches ne parvient pas à publier la note initialement prévue et qui avait l'originalité d'avoir été écrite par un invité mystère (hmmmm, suspense, suspense !), voici une recette irrésistible ! Il y a quelques mois déjà, la Marmitonne vous montrait comment faire des fondants au chocolat dans des petits ramequins (clic !) : en voici une autre version en plat familial (il faut bien ça ! recette réalisée en fin de matinée gâteau englouti ce soir) et avec une variante de la première recette.
Préchauffer le four à 180°.
Faire chauffer 10 cl de lait avec 200 grammes de cassonade et une cuillère à café d'extrait de café.
Dans une jatte, briser 175 grammes de chocolat noir. Verser dessus le lait bouillant en plusieurs fois. Mélanger jusqu'à ce que tout le chocolat ait fondu.
Pendant que le chocolat tiédi, couper 175 grammes de beurre en tout petits morceaux. Les incorporer au chocolat puis ajouter 3 œufs, 50 grammes de farine, 2 cuillères à café d'extrait de vanille liquide. Bien mélanger.
Verser la préparation dans un plat (si possible à bords hauts !) beurré. Enfourner 30 minutes puis placer un papier aluminium sur le gâteau. Cuire encore 30 minutes.
Irrésistible, vraiment, avec sa légère croûte et son coeur fondant !

dimanche 15 mars 2009

L'Heure de la sortie de Christophe DUFOSSE

"Les surveillants appelés en renfort formèrent aussitôt un cordon sanitaire autour du corps en se tenant chacun par les extrémités des doigts. Leur ressemblance avec une ronde de militants figés dans une protestation muette donnait à la scène une impassibilité de film burlesque. Les événements semblaient se dérouler avec une lenteur de glacier, comme si les protagonistes de cette tragédie couraient dans tous les sens, mais à l'intérieur d'eux-mêmes."
41B5XYAVERL Le roman s'ouvre sur le suicide d'un jeune professeur d'histoire-géographie qui se jette par la fenêtre de sa salle de cours alors que ses élèves l'attendent dans le couloir. Le narrateur, professeur dans le même collège, va nouer des liens (parler d'amitié serait exagéré tant c'est un homme solitaire et tourmenté) avec le remplaçant. Très vite, ce dernier va se rendre compte que l'ambiance dans l'une de ses classes, celle précisément qui attendait dans le couloir tandis que le professeur se jetait par la fenêtre, est très particulière, voire angoissante, pire, que tout le monde le ressent mais que personne n'en parle. Ces élèves sont en effet particulièrement calmes, unis et surtout troublants au point d'en devenir inquiétants. Lorsque les élèves demandent l'organisation d'un voyage en car à Etretat et désignent eux-mêmes les professeurs qui les accompagneront, le narrateur et le jeune remplaçant prennent peur, à juste titre ...

On peut difficilement rester insensible à la lecture de ce roman dont l'écriture et l'action saisissent le lecteur dès les premiers mots. imagesMême si une bonne partie du roman narre le quotidien d'un professeur de collège ce qui peut lasser le lecteur non averti (ou trop averti qui n'a guère envie de retrouver son propre quotidien dans sa lecture du soir !), l'histoire des élèves de cette classe, unis au point de ne former, finalement, qu'un seul personnage dans le roman, est si dérangeante qu'on a du mal à lâcher le livre. En effet, le portrait de ces adolescents est oppressant tant le lien qui les unit forme un rempart contre le monde des adultes, contre la société, contre le temps, aussi, qui les fait inéluctablement grandir. La construction du récit est telle qu'on pressent que la fin ne peut qu'être terriblement dramatique et en ce sens le roman s'apparente à un thriller qui donne tous son sens (ou plutôt ses sens) au titre. Les descriptions sont comme ciselées : lapidaires mais extrêmement travaillées, avec des mots souvent posés là où on ne les attend pas. Ainsi, ce roman met adroitement mal à l'aise, juste ce qu'il faut pour tenir le lecteur en haleine jusqu'au bout.

L'Heure de la sortie a obtenu le Prix du Premier Roman en 2002.

Un roman troublant !

jeudi 12 mars 2009

L'atelier de la Marmitonne # 16

La reprise du travail a nettement ralenti le rythme de ce blog mais la Cuisinière Aux Deux Mains Gauches ne vous oublie pas, bien au contraire : depuis le temps qu'on entend parler des fameux cakes de Sophie (clic !), il fallait bien se décider à en tester une recette. Ni une ni deux, la Marmitonne a enfilé l'un de ses tabliers pour concocter un cake à la vanille et au citron vert en suivant les instructions de la célèbre cuisinière normande.
Préchauffer le four à 170°. Prélever le zeste d'un citron vert et le jus de deux citrons verts. Réserver.
Dans une jatte, casser 3 œufs
P1110271
ajouter 160 grammes de cassonade
P1110272
et mélanger
P1110273
Incorporer progressivement 150 grammes de farine et 1/3 de sachet de levure chimique
P1110274
P1110275
puis 160 grammes de beurre ramolli
P1110276
Ajouter les graines d'une gousse de vanille
P1110277
le zeste d'un citron vert et le jus de deux citrons verts
P1110280
Bien mélanger puis verser la pâte dans un moule à cake beurré et fariné. Enfourner 40 minutes. Laisser tiédir avant de démouler. Sophie préconise d'arroser le cake chaud de Malibu mais nous ne l'avons pas fait pour que les enfants puissent en manger !
Verdict : il faut vraiment aimer le citron vert car le goût est relativement fort !! On ne sent pas du tout la vanille (nous avions pourtant ajouté une cuillère à soupe d'extrait de vanille liquide) et la cuisson a été plus longue que ce qui était indiqué. Bref : bon mais sera meilleur la prochaine fois quand la recette sera un peu améliorée.
P1110333

samedi 7 mars 2009

Ravel de Jean ECHENOZ

"Cet objet sans espoir [le Boléro] connaît un triomphe qui stupéfie tout le monde à commencer par son auteur. Il est vrai qu'à la fin d'une des premières exécutions, une vieille dame dans la salle crie au fou, mais Ravel hoche la tête : En voilà au moins une qui a compris, dit-il juste à son frère. De cette réussite, il finira par s'inquiéter. Qu'un projet si pessimiste recueille un accueil populaire, bientôt universel et pour longtemps, au point de devenir un des refrains du monde, il y a de quoi se poser des questions, mais surtout de mettre les choses au point. A ceux qui s'aventurent à lui demander ce qu'il tient pour son chef d'oeuvre : C'est le Boléro, voyons, répond-il aussitôt, malheureusement il est vide de musique."
Opéra muet de Sylvie Germain (clic !) m'ayant beaucoup fait penser à l'un de mes livres préférés, L'Occupation des sols de Jean Echenoz, je me suis dit qu'il était temps pour moi d'emprunter Ravel de ce même écrivain, paru en 2006 et qui m'avait fait de l'œil en librairie à l'époque.
9782848681849FSRavel a 52 ans au début du récit et la première page le trouve ... dans son bain ! On va le suivre ensuite sur le paquebot France qui le mène aux Etats-Unis où il va faire une tournée triomphale puis dans son quotidien de compositeur génial (on assiste notamment à la création du fameux Boléro) mais d'homme difficile à vivre, maniaque, solitaire, volontiers suffisant et, comble du comble : piètre pianiste. Le récit s'achève avec la mort de son personnage auquel la maladie a fait perdre peu à peu ses facultés.

C'est un petit livre (124 pages dans la jolie édition brochée des éditions de Minuit) qui se lit d'une traite mais qui, paradoxalement, n'est pas, à mon sens, d'accès facile.
D'une part, si la couverture précise bien qu'il s'agit d'un roman et non d'une biographie comme son titre pourrait le laisser penser, il est évidemment difficile pour le lecteur de distinguer ce qui relève de la réalité de ce qui a été inventé par l'auteur. A plusieurs reprises, le narrateur intervient pour rappeler que les faits ne sont pas certains, qu'on manque de témoignages ou que l'on ne peut accréditer telle ou telle version d'un événement. Mais puisque justement ces interventions sont a priori celles d'un narrateur et non de l'auteur (puisqu'il s'agit donc d'un roman !), le lecteur ne sait trop de quel jeu il est l'objet : dès lors que le récit est clairement identifié comme romanesque, pourquoi est-il précisé que les faits ne sont pas tous avérés ? Je me souviens avoir lu, lors de la sortie du livre, une critique de Pierre Assouline qui déclarait que Ravel, c'était en fait Echenoz ... ce qui rendrait alors le jeu encore plus complexe !
D'autre part, il me semble que la réception de ce livre dépend de l'expérience échenozienne (si je puis oser ce vilain néologisme) du lecteur. echenozPour être honnête, je crois que si Ravel avait été mon "premier Echenoz", je me serais ennuyée comme le personnage s'ennuie dans sa propre vie, tant la tentation est grande de confondre le récit d'une vie finalement morne, surtout dans la première partie, avec cet espèce de vide qu'on peut ressentir à la lecture. Or, ce que j'ai surtout aimé dans ce livre, c'est d'y retrouver le ton que j'ai découvert dans Je m'en vais (prix Goncourt 1999), puis dans Les Grandes Blondes, encore dans Cherokee, enfin dans l'Occupation des Sols : ce ton à la fois distancié et malicieux, cette apparente simplicité riche en réalité d'un art incroyable du détail, cet anecdotique élevé au rang de l'essentiel d'un être. J'ai également retrouvé avec Ravel le plaisir de me laisser guider par un rythme inhabituel : d'abord lent puis qui s'accélère au point de survoler plusieurs années d'un coup (comme si le personnage lui-même les avait à peine vécues) pour redevenir lent à la fin. Souvent, on sent une sorte d'urgence qui conduit à un rythme effréné, comme si le temps allait bientôt manquer et le lecteur en est à la fois frustré (pourquoi raconter la vie d'un grand compositeur si c'est pour expédier sa tournée triomphale aux Etats-Unis ?) et perplexe (que faut-il alors retenir de ces pages-là ?). Bref, pour moi, Ravel est tout autant une biographie romancée qu'un jeu littéraire et c'est ce que j'ai aimé.

Un roman biographique ... ou pas !

jeudi 5 mars 2009

Chocolat et citron vert : une fabuleuse association

La Cuisinière Aux Deux Mains Gauches a pensé à ses quelques fidèles lecteurs en dégustant ses chocolats coulants au citron vert et elle s'est dit que c'était une recette d'utilité publique : simple, pas chère et bonne pour le moral ! La recette originelle est (clic !), la Cuisinière Aux Deux Mains Gauches s'est contentée de l'agrémenter de citron vert qui ajoute une petite pointe de fraîcheur et d'originalité à ces crèmes irrésistibles.
Voilà comment avec quelques ingrédients simples
P1110235
on réalise de petits miracles !
Pour 4 ramequins de taille moyenne.
Beurrer l'intérieur des ramequins et les placer 5 minutes au réfrigérateur. Saupoudrer l'intérieur de farine et faire tourner pour bien répartir sur les côtés. Vider l'excédent de farine.
Prélever le zeste d'un citron vert et le hacher très finement. Réserver.
Faire fondre 70 grammes de chocolat noir au bain-marie. Retirer du feu et ajouter 60 grammes de beurre coupé en petits dés. Mélanger jusqu'à obtenir une crème lisse.
Dans une jatte, casser deux œufs et les mélanger avec un batteur électrique à 80 grammes de sucre jusqu'à obtenir un mélange mousseux. Y verser la crème au chocolat et mélanger. Ajouter 30 grammes de farine puis bien mélanger. Parfumer d'une partie des zestes de citron vert (la quantité dépend de votre goût ! Personnellement, j'en ai mis la moitié) et répartir dans les ramequins (la prochaine fois, j'essayerai avec le jus du citron vert plutôt qu'avec les zestes). Réserver au réfrigérateur une heure au moins.
Préchauffer le four à 210 °. Décorer les ramequins d'un peu de poudre de zeste de citron vert et enfourner 10 minutes. Déguster immédiatement ! L'extérieur est ferme
P1110236
et l'intérieur est plus que fondant ...
P1110248


mercredi 4 mars 2009

De la couleur dans les yaourts

Pour contrer la grisaille qui n'en finit plus, la Cuisinière Aux Deux Mains Gauches a mis de la couleur dans ses yaourts en imaginant deux nouvelles saveurs : les yaourts à la violette et les yaourts à la menthe !
Pour 4 yaourts à la violette.
Faire chauffer 45 cl de lait entier et y laisser fondre 10 bonbons à la violette. Remuer régulièrement pour que ça ne colle pas au fond de la casserole ! Porter à ébullition puis laisser refroidir. Dans un saladier, fouetter un demi-pot de fromage blanc (50 grammes) avec deux cuillères à soupe de lait en poudre. Verser le lait à la violette refroidi. Colorer de 9 gouttes de colorant alimentaire rouge et de 6 gouttes de colorant alimentaire bleu. Remplir 4 pots et laisser incuber 9 heures. Réfrigérer 4 heures avant de déguster. La saveur est très douce !
P1110102
****************************
Pour 4 yaourts à la menthe.
Faire chauffer 45 cl de lait entier et y laisser infuser une quinzaine de feuilles de menthe fraîche. Ajouter 6 cuillères à café de sucre roux. Porter à ébullition et laisser refroidir en laissant les feuilles de menthe dans le lait. Dans un saladier, fouetter un demi-pot de fromage blanc (50 grammes) avec deux cuillères à soupe de lait en poudre. Verser le lait à la menthe. De crainte qu'on ne sente pas assez la menthe, j'avais laissé quelques feuilles dans le lait mais la prochaine fois je les retirerai toutes avant de le mélanger au fromage blanc. Bien mélanger. Colorer de 5 gouttes de colorant alimentaire jaune et de 3 gouttes de colorant alimentaire bleu. Verser dans les pots et laisser incuber 9 heures. Réfrigérer 4 heures avant de goûter. C'est frais et léger !
P1110099

Opéra muet de Sylvie GERMAIN

"(...) ce mur était son rempart contre la ville, contre la foule, et ce visage était son horizon. C'est que les larmes qui sourdaient de ce rêve étaient les siennes - purifiées, magnifiées. Toutes les larmes enlisées dans son cœur, et qu'il n'avait pas su verser. C'est qu'il avait déposé derrière cette face muette la lancinante rumeur du désir que son corps et son sang d'homme minime ne pouvaient plus depuis longtemps contenir et endurer. C'est que ce grand visage mural était un suaire dont le sourire masquait la fadeur de ses jours, le vide de ses nuits."

752766Il est des romans qu'on ne peut résumer sans les trahir, sans les abîmer et Opéra muet est de ceux-là ... Gabriel est un homme d'images, un homme de visions : photographe, il mène une vie solitaire à l'ombre du portrait du Docteur Pierre qui orne le mur de l'immeuble d'en face et est devenu son compagnon. La démolition de cet immeuble entraîne l'effondrement du mur métaphorique que Gabriel s'est construit et qui le protège aussi bien de l'extérieur que de lui-même, de son passé, de ses émotions. La perte du Docteur Pierre réveille en lui d'autres pertes dont il n'a su réellement faire le deuil, celle de sa grand-mère, celle d'Agathe qui reviennent alors le hanter comme des fantômes qui n'attendaient qu'une occasion pour se manifester. Paradoxalement, la démolition de ce mur l'ouvre aux autres car elle lui fait découvrir ses voisins d'en face qu'il se met à observer la nuit, en cachette ; lors d'une de ses errances, elle lui fait également rencontrer une étrange femme, elle-même en quête de son passé ; mais plus il s'intéresse aux autres, plus il se retrouve pour se perdre à nouveau en lui-même, jusqu'à disparaître à son tour, de manière très singulière.

C'est un récit très poétique, presqu'onirique. Les pensées, les rêves éveillés, les cauchemars de Gabriel se confondent parfois tant ils sont finalement l'expression d'un même égarement. L'écriture de Sylvie Germain est magnifique et malgré la brièveté de son récit je l'ai lu très lentement, dégustant chaque phrase, revenant souvent en arrière. Ce style participe d'ailleurs à l'atmosphère fantasmagorique du récit.
germainSylvie Germain a raconté que le soir même de la soutenance de sa thèse, désemparée de ne plus avoir de prétexte pour écrire, elle s'est mise à composer des nouvelles et des récits pour enfants. Quand on lit Opéra muet, on sent précisément ce besoin viscéral de l'écriture et c'est sans doute ce qui fait que le lecteur a le sentiment que cette écriture vient de si loin, du plus profond d'un être.

Un récit poétique !

mardi 3 mars 2009

Variation sur le saumon # 3


Pour ce dernier volet, la Cuisinière Aux Deux Mains Gauches s'est inspirée de la recette conseillée sur l'emballage des saumons mais en la cuisinant à sa manière et elle vous propose des papillotes de saumon aux épices.
Pour deux personnes. Dans une assiette creuse, mélanger deux cuillères à soupe de cannelle avec deux cuillères à soupe de muscade. Y déposer deux pavés de saumon et bien les rouler dans les épices. Dans un plat allant au four, préparer deux grands morceaux d'aluminium. Déposer chaque pavé de saumon dans un morceau d'aluminium. Arroser d'un filet d'huile de colza. Si nécessaire, ajouter un peu de cannelle et de muscade sur les pavés.
Laver, épépiner et couper en lamelles un petit poivron jaune. Déposer quelques lamelles de poivron sur chaque pavé de saumon. Refermer l'aluminium et enfourner à 180° durant 30 à 35 minutes. Le temps de cuisson dépend de l'épaisseur des pavés de saumon !
Déguster : c'est surprenant mais délicieux ! Servi ici avec du brocoli et du riz cuits à la vapeur tout simplement.

Le grain de sel de la Demoiselle # 2

9782877675567FSDix petits poussins, écrit par Christine Naumann-Villemin, illustré par Elsa Oriol et publié aux éditions Kaléidoscope a été offert à la Demoiselle à l'occasion de la naissance de sa petite sœur mais ce n'est que maintenant qu'elle commence à comprendre ce livre et à l'apprécier.

C'est l'histoire de dix petits poussins tout juste nés et encore tout serrés contre leur maman poule. Comme ils sont nombreux, ils se sentent à l'étroit et peu à peu les plus forts excluent les plus faibles sous divers prétextes : trop gros, trop petit, trop fille, trop frisé ... Ainsi, de 10 ils passent à 9, puis 8, puis 7 ... Celui qui reste le dernier se retrouve soudain bien seul et s'ennuie. Sa maman lui propose alors de rejoindre ses frères et sœurs à la mare et ils se retrouvent tous, heureux d'être finalement réunis.


Cette jolie fable sur la jalousie, l'exclusion et le sens de la famille est très P1110222 poétique : rimes et rythme des phrases rendent le texte musical. Le vocabulaire choisit oscille entre émotion et humour. Les illustrations sont à la fois douces et épurées. L'histoire est construite sur un schéma répétitif qui séduit les enfants et leur permet de mémoriser facilement le récit. Les motifs d'exclusion des poussins sont autant de thèmes à aborder avec l'enfant pour lui expliquer la différence et la tolérance.

Un livre très riche !

dimanche 1 mars 2009

Variation sur le saumon # 2


Deuxième volet avec des pavés de saumon au lait de coco et au curry : simplissime et très parfumé !
Pour deux personnes. Émincer deux petits oignons nouveaux et les faire suer dans de l'huile de colza. Détailler deux pavés de saumon en dés puis les mettre à cuire dans la poêle durant quelques minutes. Saler, poivrer et saupoudrer de curry. Laisser cuire puis arroser de 4 à 5 cuillères à soupe de lait de coco. Bien mélanger et servir très chaud.