mardi 26 avril 2011

Le grain de sel des Demoiselles # 30

C'est la saison des vide-greniers ! Dimanche, nous sommes allées dans un village voisin  pour flâner entre les stands sans rien chercher de particulier et, alors que nous étions en train de faire la morale à notre grande Demoiselle en lui expliquant que non, nous n'achèterions rien de rien,  nous sommes tombées sur deux très beaux albums à 1 euro chacun. Hum ... Je n'ai pas résisté et j'ai bien fait car j'ai eu un grand grand coup de cœur pour celui-ci :

Les Douze Manteaux de Maman de Marie Sellier et Nathalie Novi (éd Le Baron Perché) est un livre tout en hauteur ce qui laisse une grande place aux illustrations qui occupent chaque page de droite. Le texte quant à lui est concentré sur le bas gauche de la page de gauche. Cette disposition est au service de la poésie de cet album. Les Douze Manteaux de Maman ne raconte pas vraiment d'histoire : un petit garçon énumère les manteaux que revêt sa maman selon l'émotion ou le sentiment qu'elle éprouve, à divers moments de la journée. 
Nous nous y sommes reconnues et nos Demoiselles aussi, ce qui a facilité leur compréhension de cet album. Quelle jolie manière d'aborder la difficile question des émotions et de ce que les autres comprennent / ressentent de nos attitudes ! 
Les illustrations sont à la fois douces et pleines de fantaisie 
 
(le "manteau de rose poudrée")

 
(le"manteau de feu")

 
(le "manteau mille pages")

et les textes, disposés comme des vers libres, traduisent joliment, avec les mots de l'enfant, ce qu'il comprend des humeurs de sa maman
 

lundi 25 avril 2011

Vivre dans ta bulle

Encore du scrap, eh oui, je profite des vacances car la période qui va suivre s'annonce très chargée alors j'aurai bientôt moins de temps pour mes loisirs ! Toujours sur le forum du potager créatif, j'ai trouvé un concours qui m'a tout de suite séduite car il s'agissait de s'inspirer d'une mosaïque créée par Cathy Michaels qui a un univers très particulier. Son travail est a priori éloigné de ce que je fais habituellement (et, surtout, surtout, je n'ai pas son talent, j'aimerais bien, hihi !!) et c'est justement ça qui m'a plu : m'essayer à un nouveau style. La mosaïque de départ était celle-ci, il fallait en retenir ce qu'on voulait :


J'y ai pris :
* les roses et les bleus, en partie réalisés à la peinture (acrylique avec beaucoup d'eau pour moi)
* les oiseaux, celui de droite sur fond bleu vient d'ailleurs directement de son blog
* les fleurs et les arabesques
* les boutons / ronds
* la partition
bref, j'ai été inspirée par mal de choses finalement ! J'ai ajouté un peu de texture avec la dentelle et la ficelle.

Cette page a aussi été l'occasion pour moi d'utiliser une des toutes premières pages que j'ai achetées et que je n'avais encore jamais osé utiliser de peur de la gâcher. Là, le moment était venu !
Voici donc ma page :


Pour le mot "bulle", j'ai imprimé puis découpé les lettres, je les ai peintes avec mes bleu et rose acryliques et j'ai re-passé les contours avec un feutre noir fin :

 

Vous pouvez agrandir les photos en cliquant dessus !

dimanche 24 avril 2011

Un mini album à prix mini !

Scrapper coûte vite un bras voire deux pour les plus accros (je résiste, je résiste !!) mais on peut parfaitement faire de jolies choses avec  ... pas grand chose ! Grâce à un chouette forum que je viens de découvrir (clic !), je me suis lancée dans du recyclage comme j'aime le faire. Au commencement, était ... ce que nous avons tous chez nous (si, si)  mais à quoi nous n'accordons pas le regard que ça mérite :-) :


Une fois coupés et bien aplatis (toute une nuit sous un gros gros gros livre), les rouleaux de papier toilette font de superbes mini pages pour un mini album ! Quant aux rouleaux d'essuie-tout, ils sont encore plus pratiques puisqu'en largeur ils font l'équivalent d'un peu plus de deux pages format rouleau papier toilette (vous suivez ?). Magnifique, non ?
Comme je n'avais plus de papier photo et que je ne pouvais pas attendre mardi pour aller en acheter, j'ai pris des pages d'un vieux livre, j'ai passé une couche de peinture acrylique


Une fois bien sec, j'ai collé ce support sur une feuille A4 et j'ai imprimé mes photos sur ces pages de livres. Ensuite, j'ai recouvert les contours de chaque page cartonnée (vous vous souvenez, les rouleaux de papier toilette ...) avec du scotch de masquage, j'ai collé mes pages de livre / photos, utilisé quelques chutes pour décorer. J'ai fait un trou au même endroit sur chaque page pour attacher le tout et j'ai alterné une page d'image / une page transparente à motif avec titre. Et voilà un mini album avec quelques photos de nos vacances de la semaine dernière. J'ai volontairement choisi des photos anecdotiques car je trouve que le style de cet album se prête bien à ces petits riens :










 

Je n'ai pas photographié les versos, j'y ai collé des rectangles de papiers à motifs dans les mêmes tons, un différent par page, parfois agrémentés d'une petite déco. 
Voilà un mini album très simple à réaliser, peu coûteux et qui permet d'utiliser des petites chutes de papier dont on ne sait jamais que faire à cause de leur taille ! Autre avantage, la fermeture simple du mini permet d'y ajouter des pages à volonté : faute de temps, je n'ai mis que quelques pages mais j'ai deux ou trois photos sous le coude que j'ajouterai peut-être sur de nouvelles pages.

samedi 23 avril 2011

Une semaine avec Marie Desplechin - Samedi

Cette chouette semaine avec Marie Desplechin, initiée par Stephie, touche déjà à sa fin ...J'ai choisi de conclure cette expérience par la lecture d'un des romans les plus célèbres de l'auteur, celui qui l'a fait connaître en 1998 :

Sans moi raconte le quotidien de deux femmes, aussi perdues l'une que l'autre, qui s'épaulent, s'entraident et, finalement, tiennent bon alors qu'on s'attend à chaque instant à ce qu'elles s'effondrent, définitivement. Olivia échoue chez la narratrice qui l'aide à se refaire une santé après des années de drogue mais on se rend vite compte que la narratrice elle-même a besoin de la présence d'Olivia pour rester debout  tant sa propre vie part à la dérive. 
On reconstitue leur parcours comme on fait un puzzle, les pièces s'emboîtent au petit bonheur la chance et l'image se forme, peu à peu. C'est un roman si intimiste que la lectrice que je suis s'est parfois sentie gênée, comme si j'écoutais derrière la porte ou regardais par le trou de la serrure. C'est un roman d'espoir, paradoxalement, parce que les deux protagonistes, malgré leur confrontation à la cruauté de certains, survivent grâce à l'humanité d'autres.
Malgré tout, j'ai eu du mal à lire, surtout à terminer ce récit. Non pas à cause des thèmes abordés qui peuvent être trop difficiles pour certains (la drogue, le viol, l'errance ...) mais à cause du style : j'ai eu du mal à prendre plaisir à la lecture de tant de dialogues, j'ai eu du mal à m'intéresser à cette narration qui ne va nulle part (même si on comprend bien qu'elle est à l'image des deux personnages, qui ne vont nulle part, elles non plus), l'impossibilité à m'identifier m'a empêchée d'avoir de l'empathie ... Habituellement, j'aime pourtant les récits du quotidien, mais là ... je me suis ennuyée. Je suis un peu triste de finir cette belle semaine par cette note qui dissone, je me dis que j'ai peut-être raté quelque chose puisque ce roman a remporté un vif succès ... mais voilà, c'est ainsi, je garderai le souvenir de mes belles lectures des jours précédents !

vendredi 22 avril 2011

Une semaine avec Marie Desplechin - Vendredi

 Cette semaine avec Marie Desplechin, initiée par Stephie, réserve décidément de belles surprises ! Je me suis rendue dans ma bibliothèque municipale pour y trouver de quoi terminer cette semaine de lecture et j'y ai trouvé un tout petit livre dont j'ignorais tout mais qui m'a vite séduite :
Les Arpenteurs est une nouvelle qui a été commandée par les organisateurs de Lille 2004 (Lille était capitale européenne de la culture cette année là) et qui a été la première pierre d'un très beau projet : 8 écrivains ont composé sur le thème de la migration. La nouvelle de Marie Desplechin a servi de point de départ : les 7 autres écrivains en ont repris une phrase, un mot, une idée, un détail pour écrire leurs propres nouvelles. Ainsi, bien qu'autonomes, toutes ces nouvelles sont liées, ce que symbolisent leurs couvertures mises côte à côte :

Quelle belle idée !

Dans Les Arpenteurs, Marie Desplechin peint deux hommes, l'un est du Nord, féru de généalogie, l'autre est Kurde, il a fui son pays, puis il a fui Sangatte mais il continue à espérer atteindre l'Angleterre. Comment le premier homme va-t-il, peut-il réagir, lorsqu'il trouve le second dans son jardin, le front appuyé contre les barreaux de la volière, à regarder les pigeons dont le vol les emmène là où lui espère se rendre ? 
Les Arpenteurs est un récit tout en subtilité et retenue, un récit sobre, simple et pourtant riche, riche de toute l'humanité que l'auteur confère à ses personnages. C'est aussi un récit qui, sans être du tout moralisateur, invite le lecteur à se demander comment lui réagirait dans une telle situation ...

jeudi 21 avril 2011

Une semaine avec Marie Desplechin - jeudi

Poursuivons notre semaine avec Marie Desplechin, grâce à l'idée lancée par Stéphie !  C'est jeudi, jour du coup de cœur pour un nouveau petit roman jeunesse de cet auteur : Dis-moi tout !
Anne a un peu des problèmes de famille mais pas trop, un peu des problèmes de peau mais pas trop et un peu des problèmes au collège mais pas trop : Anne a 12 ans ... et Marie Desplechin rend parfaitement la complexité de cet âge. Quand la prof de maths décide de placer Wladys à côté d'Anne en cours pour que celui-ci se tienne à carreau, elle n'imagine pas que les deux jeunes ados vont d'abord se détester puis nouer une très belle amitié.
Dans les romans de Marie Desplechin, la vie est dense, pleine d'imprévus mais elle est loin d'être toujours légère et facile, même (surtout ?) lorsqu'on a 12 ans. Avec poésie et humour, l'auteur brosse le portrait plein de sensibilité de deux jeunes adolescents, en prise avec des adultes qui ne les comprennent pas toujours et qui sont parfois maladroits, en prise aussi avec leurs blessures intérieures et leurs questionnements d'êtres qui se cherchent. Le récit est mené par Anne, avec toute la maladresse mais aussi la fraîcheur, la naïveté de son âge. C'est doux et on se laisse porter par son histoire ! 

mercredi 20 avril 2011

Une semaine avec Marie Desplechin - mercredi

Suite du sympathique défi lancé par Stéphie ! 
C'est mercredi, jour des petits, il était donc temps que je me lance dans la lecture d'un roman pour la jeunesse de Marie Desplechin : c'est mon premier et j'ai été séduite dès les premières pages ! 

Son père voulait l'appeler Rose mais sa mère a préféré l'appeler Verte ! Elle a également préféré se débarrasser rapidement dudit père pour élever sa fille seule, dans l'espoir d'en faire une parfaite sorcière, comme elle. Mais voilà, à 11 ans, Verte commence à s'intéresser aux garçons, bien plus qu'à la sorcellerie. Agacée et impuissante, Ursule, sa mère, la confie le mercredi à Anastabotte, la grand-mère. Si celle-ci lui apprend en effet les rudiments de la sorcellerie et parvient à en éveiller le goût, elle va vite être dépassée par les désirs de sa petite-fille au caractère bien trempé : forte de ses nouveaux pouvoirs, Verte veut en user pour retrouver son  père, tout en continuant à se rapprocher du fameux garçon qui ne la laisse pas indifférente ... 

Verte est un court roman qui ne cède pas pour autant à la facilité : construit à la manière d'un kaléidoscope, il fait succéder les points de vue d'Ursule (la mère), d'Anastabotte (la grand-mère), de Verte puis de Souffi (le prétendant), ce qui donne à la fois du rythme et de l'épaisseur au récit, chacun apportant sa petite touche. Chaque caractère est bien tranché et l'ensemble est plein de dynamisme et d'humour. En même temps, les préoccupations des deux jeunes héros ainsi que les changements de relations entre parents et enfants lorsque ces derniers entrent dans adolescence sont narrés de manière fine et sensible. Un chouette roman jeunesse !

mardi 19 avril 2011

Une semaine avec Marie Desplechin - Mardi

Deuxième journée avec Marie Desplechin : j'y prends goût, merci Stephie pour ce défi !
Encore une relecture pour moi, d'un recueil qui m'a été offert par une amie à la naissance de ma première Demoiselle, recueil auquel Marie Desplechin a collaboré :

La partie composée par Marie Desplechin s'intitule "Maya" a:lors qu'elle raconte la naissance d'une petite Héloïse dont elle n'est pas la maman ! On retrouve d'emblée le personnage campé par Sophie Chérer dans le livre dont j'ai parlé hier, à savoir une femme libre qui se joue des contraintes (dans ce recueil la très grande majorité des auteurs, toutes des femmes) racontent la naissance de leurs propres enfants), une femme aussi qui justement a à cœur d'être femme, mère et auteur alors qu'on lui avait expliqué qu'elle aurait à choisir.
Le récit de la naissance de cette petite fille est captivant, précisément parce que l'auteur en est un témoin, au même titre que le lecteur, et que ce point de vue sur cet événement est rare. Il renvoie à la fois à l'histoire intime, unique qui se noue ce jour-là, ainsi qu'à cette histoire universelle, à chaque seconde répétée, et qui nous unit. Même quand on a enfanté soi-même, la place d'accompagnatrice que nous vivons ici grâce à Marie Desplechin nous permet d'accéder à cette part de mystère dont nous gardons une impression parfois diffuse : "La mémoire, plutôt, un peu embuée, d'avoir été traversée par un mystère, dans le même temps possédée et dépossédée, et rendue à l'ignorance. Une ignorance débordée, faite de mémoires successives, d'images qui déboulent et s'agglutinent, font écran, et occultent à jamais le souvenir de l'instant. Qu'on y prenne sa part par l'amont ou par l'aval, la naissance reste en retrait. Disparue aussitôt qu'apparue, cachée, secrète."
Enfin, le portrait de la nouvelle-née, comme elle l'appelle, dans ses tout premiers instants de vie hors du ventre qui l'a portée est profondément émouvant, beau, inoubliable. Rien que pour ces quelques lignes, ce court récit est un régal.

lundi 18 avril 2011

Une semaine avec Marie Desplechin - Lundi

Quand Stephie du blog Mille et une pages a lancé cette belle idée d'une semaine avec Marie Desplechin, j'étais d'abord un peu perplexe car j'avais le sentiment de "connaître" cet auteur alors que je n'avais lu aucun des livres cités dans la bibliographie. En parcourant ma bibliothèque ce soir-là, j'ai en effet retrouvé 3 livres, qui ne sont pas des œuvres véritablement de Marie Desplechin, ni, pour celle qui l'est, parmi les plus connues, mais qui tout de même entrent je pense dans l'idée de partager cette semaine avec elle. 

 J'ai donc débuté par la relecture du petit volume de la collection Mon écrivain préféré qui lui est consacré par Sophie Chérer (Ecole des Loisirs). J'aime beaucoup cette collection car elle donne vraiment le sentiment d'entrer dans la vie d'un écrivain comme si on était invité à boire un thé et à partager un moment tout simple en famille. C'est encore plus vrai avec Marie Desplechin car dès les premières pages on découvre une femme chaleureuse à la fois simple et riche : simple dans sa manière d'appréhender la vie, riche des convictions qu'elle a acquises auprès des siens lorsqu'elle était enfant. On comprend alors d'où viennent les thèmes qui lui seront chers, plus tard, quand elle deviendra écrivain et qu'elle écrira comme on bricole : "ses personnages soignent, écoutent, réparent, interviennent, en urgence et sur le long terme (...), accueillent, nourrissent, inventent, transmettent. Avec ses histoires, elle refait le monde." 
En refermant ce livre, on n'a qu'une envie, enfin non, deux : la lire, encore, et la rencontrer, pour l'entendre rire et bavarder avec elle ...

J'en profite pour mettre en lien un billet de lecture que j'ai rédigé il y a quelques semaines sur un autre livre assez intime de Marie Desplechin dans lequel elle nous parle de cette région qu'elle porte dans son cœur et qui a fait d'elle une partie de ce qu'elle est : le Nord. C'est !

dimanche 17 avril 2011

Le retour du scrap

Hihi, c'était vraiment un faux départ hier, puisque finalement nous ne partirons que demain ! Ma grande Demoiselle et moi avons alors profité de ce premier jour de vacances pour nous remettre au scrap car ça faisait un bon moment qu'on n'avait pas eu le temps d'en faire. Nous avons fait une page ensemble, sur son idée à elle (et je trouve que son goût s'affine !), avec une photo qui date déjà d'octobre 2008 :


J'ai aussi fait une dictée proposée sur le forum Clean & Simple : c'était la première fois que je scrappais avec ce format (A4) et j'aime assez le résultat (photo de janvier 2011)

vendredi 15 avril 2011

Faux départ

Nous partons quelques jours là

écouter le chant des vagues
laisser le vent nous vider de nos pensées pour nous ressourcer
tremper nos pieds dans l'eau, même encore glacée
regarder au loin en se demandant, toujours, ce qu'il y a de l'autre côté
profiter de nous 4, encore de nous
et rêver, et s'aimer, et se promener,
oublier un peu la "vraie" vie, aussi...

Mais grâce à une chouette idée de Stephie, un billet sera publié chaque jour ici la semaine prochaine (enfin, si tout fonctionne bien !) alors ce blog, lui, ne prend pas de vacances !

mardi 12 avril 2011

Le bizarre incident du chien pendant la nuit de Mark HADDON

"Tous les autres enfants de mon école sont idiots. Normalement, je ne devrais pas dire qu'ils sont idiots, pourtant, ils le sont. On doit dire qu'ils ont des difficultés d'apprentissage ou que ce sont des enfants déficients. Mais c'est idiot, parce que tout le monde a des difficultés d'apprentissage et que c'est difficile d'apprendre le français ou de comprendre la Relativité. Et puis, tout le monde a des déficiences, comme Père qui a toujours sur lui un petit paquet d'édulcorant artificiel pour arrêter de grossir, ou Mme Peters qui a un sonotone beige, ou Siobhan qui a des lunettes (...). Pourtant, on ne dit pas d'eux qu'ils sont Déficients, même s'ils ont des déficiences."

Christopher a 15 ans. Il aime les chiens, les énigmes, les mathématiques, la couleur rouge, son rat. Il n'aime pas les mensonges, ni la foule, ni le bruit, ni les couleurs jaune et brun, ni ce qui est nouveau. Christopher a du mal à comprendre les autres et à leur faire comprendre ce qu'il ressent. Christopher est autiste. Il vit dans un univers qui est très proche du nôtre tout en en étant très éloigné.
Lorsqu'il découvre le chien de sa voisine avec une fourche plantée dans le ventre, il décide de mener l'enquête, comme son héros Sherlock Holmes, même si son père le lui déconseille, même si pour cela il doit parler à des inconnus. Son enquête lui fera découvrir des faits qui vont bouleverser sa vie et l'amener à se surpasser. 
Le Bizarre Incident du chien pendant la nuit de Mark Haddon est un roman à mettre entre toutes les mains, même s'il est publié dans une collection pour ados (Pocket Jeunesse) car il permet une expérience rare et enrichissante : entrer dans l'esprit d'un jeune autiste, partager ses émotions, comprendre ses actes qui sont pour lui d'une logique imparable, mais aussi s'étonner avec lui de ce que font et disent les autres, voir et nous intéresser à des détails que nous ne voyons pas habituellement ... C'est drôle et émouvant à la fois, c'est captivant. Dans la dernière partie du roman, le lecteur est aussi invité à comprendre  la difficulté qu'éprouvent les parents de Christopher à vivre avec un enfant handicapé et, là encore, cet aspect du récit est mené avec subtilité, avec pudeur, sans excès de pathos.
Le récit est en outre entrecoupé de dessins, de schémas, de formules, ce qui en fait un roman atypique, à l'image de son narrateur. Le Bizarre Incident du chien pendant la nuit est un roman initiatique, autant pour son héros qui vit des expériences inouïes, que pour le lecteur qui est plongé dans la pensée d'un enfant handicapé. Une belle réussite !

lundi 11 avril 2011

Le grain de sel des Demoiselles # 29

Afin de satisfaire la passion naissante de ma grande Demoiselle pour les oiseaux, je suis allée à la bibliothèque municipale d'où j'ai ramené plusieurs livres dont un qui nous a vraiment charmées. 

Chante, Rossignol, chante ! de Françoise de Guibert (texte) et Chiaki Miyamoto (illustrations) est à mi-chemin entre le livre documentaire et le livre qui invite à la rêverie. Il est accompagné d'un CD qui propose des chants d'oiseaux et des morceaux de musique de Daniel Goyone.
 Chaque oiseau est présenté par son chant, par un dessin et par quelques mots sur son mode de vie, nourris d'anecdotes que les enfants mémorisent aisément. La mise en page est claire, simple, le trait de Chaki Miyamoto est charmant

les intermèdes musicaux peuvent accompagner des doubles pages qui invitent à l'imaginaire

ou juste proposer une pause après la présentation d'une série d'oiseaux.
C'est un joli livre qui propose une approche originale et toute en douceur, parfait pour un premier contact avec le livre documentaire !

dimanche 10 avril 2011

C'est la vie qui va

J'ai l'impression de m'être à peine retournée quelques  instants et voilà que soudain je regarde ma grande Demoiselle et je la trouve changée, comme ça, sans prévenir. Elle garde encore un peu ses joues de toute petite fille et son doudou n'est jamais bien loin, mais tout dans son regard, dans son attitude, dans ses choix qui s'affirment me souffle qu'elle a grandi, dans sa tête et dans son corps. Elle compte les jours qui la séparent de celui qui fera d'elle une petite fille de 5 ans et demi tout pile (encore un petit mois !) et je me demande ce qu'elle met dans ce demi-là qui semble si important. Elle joue avec ses deux premières dents qui bougent et attend fébrilement d'intégrer le clan des "grands qui changent de dents". Elle prend des initiatives et n'éprouve plus systématiquement le besoin de nous consulter avant. Elle prend de nouvelles habitudes, comme celle de ne plus se lever aux aurores, d'un bond ,comme sa sœur, mais de s'enfouir sous une pile de livres qu'elle bouquine dans son lit, tranquillement, avant de se sentir prête à se lever et à nous retrouver pour une nouvelle journée. Elle vit toujours dans son petit monde, celui qu'elle se construit avec les mots qu'elle se raconte, tout bas, tout le temps, comme une litanie qui lui est indispensable et qui l'aide à mieux revenir, ensuite, au monde réel. Elle découvre avec plus  de sérénité que ce que j'aurais cru que les autres ne sont pas toujours gentils, encore moins toujours bienveillants : elle pose sur eux un regard franc et étonné et, quand elle le peut, elle passe derrière pour apporter un peu de douceur, comme quand un enfant se fait embêter et qu'elle va le consoler, ou qu'un ver de terre se fait couper en deux et qu'elle l'enterre dès que les "vilains" sont partis plus loin :-) Elle découvre de nouvelles musiques, dont ce morceau qu'elle a entendu pendant que je lisais le blog de ma copine Lisa, et qu'elle réclame sans cesse depuis deux jours.
Ma grande Demoiselle devient vraiment grande, là, pour de vrai. Et elle devient tellement chouette que je ne suis même pas nostalgique de la voir entrer dans une nouvelle période de sa vie et donc quitter, définitivement, un petit bout de sa prime enfance.


samedi 9 avril 2011

Bulle et petits pois ou Le Grain de sel des Demoiselles # 28

Ca fait déjà deux semaines que j'ai profité d'une journée de formation à Amiens pour prendre le temps de flâner dans une librairie et de choisir un album pour chacune de mes Demoiselles. J'ai parlé ici du très bel album offert à ma grande Demoiselle mais je n'ai encore rien dit de celui destiné à ma MiniRikiki alors qu'il remporte lui aussi un franc succès !

Comme ma Mini Rikiki, la Princesse O'Petitpoi est rousse. Comme elle, elle se fâche tout rouge et tape du pied. Comme elle, elle déteste les légumes ... Je ne pouvais donc pas passer à côté de cet album !
La Princesse O'Petipoi imaginée par Juliette Saumande et illustrée par Cécile Hudrisier (chez Fleurus) vit au royaume des Zécossés. A chaque fois qu'elle perd une dent, elle la place sous son matelas le soir et au matin elle y trouve un petit pois magique qui assouvit tous ses désirs. Jusqu'au jour où ... le petit pois sous le matelas est un vulgaire légume dénué de pouvoir et que la colère de la princesse ne peut rien y changer !

Le récit est très drôle, les illustrations sont gaies et pleines de dynamisme, le livre en lui-même est bien pensé car aussi solide qu'agréable à toucher. Le texte est plein de clins d'œil adressés aux adultes qui lisent avec les petits. Bref, c'est savoureux et ici on adore !

dimanche 3 avril 2011

Bulles de poésie sur grand écran

Drôle de week end, à profiter pleinement de la simple douceur d'être ensemble, à essayer de vivre infiniment chaque instant  pour lutter contre les pensées d'impuissance et les grandes questions sur la vie que parfois on  ne comprend plus, à ne savoir que faire de cette tristesse qui nous étreint si violemment mais nous laisse démunies. 
Hier, je suis allée à la bibliothèque emprunter des livres sur les oiseaux pour ma grande demoiselle et nous avons craqué pour deux d'entre eux dont je vous parlerai bientôt. J'ai aussi beaucoup réfléchi et discuté de mon avenir professionnel (donc de notre avenir à nous quatre !) puisque je dois faire des choix, même si ceux-ci sont impossibles vu ce à quoi je peux prétendre. Et puis ce matin, petites bulles dans ce vraiment drôle de week end, nous sommes allées au cinéma qui propose un cycle Ciné Junior. Nous avons vu quatre courts pour enfants et c'était beau, plein d'émotions, nous avons eu des frissons, nous avons ri aussi, nous avons été charmées. C'était si intelligent que, bien qu'adaptés à un très jeune public, ces films séduisent aussi les parents qui se laissent aller à avoir 5 ans à nouveau. Parmi les 4 petits films, deux sont particulièrement superbes, à voir absolument s'ils passent chez vous : Les Escargots de Jospeh de Sophie Roze

 

et Le Mulot menteur d'Andréas Kiss


Des extraits vidéo sont visibles , même s'ils ne sont pas forcément ceux que j'aurais choisis car ils ne témoignent pas assez de la réelle poésie de ces petits films. 
Les deux autres films, La Main de l'ours de Marina Rosset (cette fois, la vidéo choisie est un passage qui évoque bien l'univers du film) et Le Loup devenu berger de Rebecca Akoun sont beaux également, très imagés mais riches de vérités sur la vie et l'être humain. 
De douces bulles de poésie projetées sur un écran géant, une petite main qui sert la mienne, des mèches de cheveux roux qui frôlent mon visage, deux petites filles qui m'entourent et se serrent autour de moi, deux petites demoiselles qui ont encore besoin d'être rassurées quand les images sont si grandes et les histoires si pleines de mystère. Et ce soir, au coucher, encore des questions sur ce qu'on a vu au cinéma ce matin, de quoi faire de sacrés rêves.

samedi 2 avril 2011

Genesis Alpha de Rune Michaels

"Je suis comme un livre. Maman me l'a expliqué une fois en m'aidant à faire un devoir de biologie. Mon histoire, comme celle de chacun d'entre nous, est faite d'une juxtaposition de lettres : ACGT. Les quatre lettres composants de notre ADN. Quatre lettres qui représentent tout ce que nous sommes.
Le livre de Max et le mien sont identiques. Chaque lettre est placée de la même façon. Les mêmes lettres. 
Nos vies devront-elles être identiques également ?"



Genesis Alpha de Rune Michaëls est un roman pour ados publié dans l'excellente collection Macadam des éditions Milan ; c'est surtout un roman dont on ne sort pas indemne tant il pose, finement, de questions ! 
Comment réagir quand on a 14 ans et que son grand-frère qu'on adore, jeune homme sans problème, est soudain arrêté pour un meurtre atroce ? Comment résister aux doutes qui nous assaillent ? Comment comprendre un tel acte, lorsqu'il est avéré ?
Mais surtout : que vaut notre vie lorsqu'on est un bébé médicament, créé dans un laboratoire pour sauver ce grand frère ? Puisqu'on l'a sauvé de la mort, est-on alors coupable avec lui du crime qu'il a commis ? Puisqu'on lui a donné une part de nous, nous manque-t-il quelque chose ou, pire, est-on lui, est-on condamné au même sort et sera-t-on alors un meurtrier à notre tour ?
Qu'est-ce qui fait un être, en particulier un meurtrier : son ADN, son cerveau, son vécu ? 
Est-ce trahir son enfant que de le concevoir pour en sauver un autre ? Et cet autre, comment doit-il vivre d'avoir un remplaçant "au cas où" ? 
Et quand on est la sœur d'une jeune fille sauvagement assassinée, que doit-on, que peut-on faire ?
C'est un roman bouleversant mais sans excès de pathos. On suit le cheminement de la pensée de Josh, ce jeune garçon dont la vie bascule en quelques jours et on s'interroge avec lui, on doute, on reste incapable de trancher. Et on referme le livre avec cette sensation rare d'avoir vécu des questionnements fondamentaux à l'orée de ce XXIè siècle.