samedi 25 septembre 2010

L'atelier des Marmitonnes # 31

Jeudi, j'ai profité que la maîtresse de ma grande marmitonne soit en grève pour faire la cuisine avec elle : ça faisait bien longtemps que nous n'avions pas été seules toutes les deux et ce fut un vrai plaisir. Nous avons d'abord regardé ce qui restait dans le frigo puis avons ensemble cherché  sur le net une recette utilisant ces ingrédients ; nous nous sommes décidées pour un cake poireaux / lardons dont la recette originale est . Nous l'avons un peu adaptée.

Dans un peu d'huile, faire revenir 4 poireaux coupés en rondelles pendant 10 minutes puis ajouter 200 grammes de lardons. Laisser cuire encore 10 mn environ. Réserver.



Préchauffer le four à 210°.
Dans une jatte verser 200 grammes de farine




ajouter 4 œufs




ajouter un sachet de levure



verser 3 ou 4 cuillères à soupe d'huile d'olive

 Mélanger




Verser un peu de lait



Bien mélanger pour l'incorporer et obtenir une pâte lisse. Verser les poireaux et les lardons, ajuster l'assaisonnement (les lardons sont déjà salés !) puis mélanger une dernière fois :




Verser le tout dans un moule à cake huilé et enfourner 35 minutes. Attendre un peu avant de démouler



Déguster tiède ou froid !

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jeudi 23 septembre 2010

Maintenant qu'il fait tout le temps nuit sur toi de Mathias MALZIEU

"Les ombres sont les portes du pays des morts. Pas toutes bien sûr, et elles ne sont pas ouvertes tout le temps, mais c'est par là que tout communique. C'est un véritable trafic chez les morts, il y a des passeurs, qui connaissent les passages secrets et les heures auxquelles on peut les emprunter. J'ai pratiqué ce métier, avant de me lancer dans mon doctorat d'ombrologie."

C'est grâce à Pascale du blog Mot à mot que j'ai enfin pu lire ce très beau récit, qui entre dans mon défi "coups de cœur de la blogosphère":  merci beaucoup Pascale !

  Mathias a une trentaine d'années lorsque sa mère meurt. A cette seconde-même, il bascule dans un monde où l'absurdité est reine, où l'absence ravage le cœur et l'âme, où le besoin de croire à l'impossible (que cette mort ne soit qu'un leurre) est plus forte que la sombre réalité. Dès le premier soir, Mathias rencontre Giant Jack, un géant expert en ombrologie qui va l'aider à rester vivant en lui donnant un morceau d'ombre, porte entr'ouverte sur le pays des morts, en lui prêtant des livres précieux et lui racontant des histoires fabuleuses. Giant Jack va accompagner Mathias durant toute une année, jusqu'à ce qu'il soit prêt à vivre, à nouveau, après s'être approché très très près de la mort, à la manière d'un Orphée moderne, ce qui est d'autant plus troublant si on considère le métier pour lequel Mathias Malzieu est le plus connu.

Ce récit autobiographique est, évidemment, étant donné son sujet, profondément remuant. Il est un témoignage très intime sur le deuil mais il n'est pas que cela. La plume de Mathias Malzieu est belle, poétique, très imagée. L'âme du petit garçon n'a pas quitté ce corps d'homme et elle souffle à ce dernier une naïveté, une croyance en l'impossible, presqu'une légèreté qui donnent un ton enfantin à ce sujet grave. Mathias plonge dans le fantastique avec un naturel déconcertant et emmène le lecteur avec lui dans ce voyage troublant. Ce récit montre, enfin, la manière dont on s'arrange avec la mort pour réussir à vivre avec. A chaque page j'ai eu envie de pleurer et de sourire tout à la fois, tant les sentiments se mélangent constamment.
Maintenant qu'il fait tout le temps nuit sur toi, à la couverture et au titre si beaux, est une petite merveille qu'on ne peut oublier de si tôt.

lundi 20 septembre 2010

Boîtes à déj # 32 à 34 !

Je bentoïse toutes les semaines et même plusieurs fois par semaine mais je ne prends pas le temps de vous montrer mes bentôs. En voici donc plusieurs, du moins ceux que j'ai pensé à photographier avant de les manger ! 

Bentô # 32  :

Posted by Picasa* En entrée : des tomates cerise
* En plat : une  tranche de rôti de porc avec des carottes et des champignons
* Une biscotte avec un morceau d'emmenthal
* du pamplemousse rose

Bentô # 33 :


* En entrée : une carotte coupée en rondelles
* En plat : du blé avec des haricots et des champignons (encore !)
* une portion de fromage avec une biscotte cachée dans le couvercle
* En dessert : une prune jaune et du raisin

Bentô # 34 :


 * En entrée : des bâtonnets de carottes
* En plat : du veau avec des courgettes et des pâtes
* une portion de fromage
* en desserts : un petit suisse et une orange coupée en rondelles

Mes bentôs ne sont pas très folichons en ce moment mais c'esy toujours bien mieux que la cantine à laquelle je n'ai de toutes façons pas le temps d'aller puisque mes pauses déjeuner durent ... 15 minutes ! 

samedi 18 septembre 2010

Tarte d'automne

Ma copine Tanaquil a eu l'excellente idée de m'offrir le numéro de rentrée de Cuisine et vins de France dans lequel j'ai tout de suite repéré la recette d'une tarte aux poires et pain d'épice, testée auprès d'amis il y a quelques jours et qui a eu du succès. Merci Tanaq' !! 

Poser une pâte sablée avec son papier cuisson dans un moule à tarte, piquer le fond.
Séparer le blanc des jaunes de 2 oeufs. Badigeonner le fond de pâte avec du blanc d'oeuf. Réserver au réfrigérateur.
Préchauffer le four à 180°.
Réduire en miettes 50 grammes de pain d'épice
Dans une jatte, bien mélanger 75 grammes de beurre ramolli avec 75 grammes de sucre, les jaunes d'oeufs, une cuillère à soupe de maïzena et 10 cl de crème liquide. Il faut obtenir une crème lisse. Incorporer le pain d'épice.
Peler 4 poires, les couper en 4, retirer les pépins.
Etaler la crème au pain d'épice sur le fond de pâte. Disposer les quartiers de poires, côté bombé vers le haut.
Enfourner 25 à 30 minutes.
La recette suggère de toréfier légèrement des amandes effilées (2 cuillères à soupe) dans une poêle puis de les laisser refroidir avant de les disposer sur la tarte. Comme nous n'avions pas d'amandes, nous avons saupoudrer la tarte de pralin.




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mercredi 15 septembre 2010

Les Aventuriers du Dimanche - 1. Le tour des donjons de JP BOUDART


Une bande de copains tous plus loufoques les uns que les autres se réunit pour donner l'assaut à un donjon ... ou faire comme si. On suit leurs pérégrinations durant un jour et une nuit et on rit de les voir se prendre tant au sérieux alors que tout ce qu'ils entreprennent tourne au vinaigre et échoue lamentablement. Le titre de la série, Les Aventuriers du Dimanche, ne pouvait mieux convenir !
J'ai adoré les dessins et ce mélange de personnages, certains inspirés par l'heroïc fantasy, d'autres relevant d'un univers purement enfantin (je pense à Über), un dernier enfin étant humain. J'ai également aimé l'humour et la dérision qui traversent cette bande dessinée.
Mais ... je me suis ennuyée avec ces personnages qui échouent à tuer le temps et je me suis demandé si c'était une volonté de l'auteur. Je n'ai pas toujours bien compris l'enchaînement entre les vignettes (par moments, on change de lieu mais pas de personnage d'une vignette à l'autre, ça m'a fait penser aux changements de niveaux dans les jeux vidéo mais là il y a parfois des retours en arrière ...). Enfin, j'avoue m'être sentie vieux jeu à être gênée par un personnage qui s'exprime en langage sms en maltraitant l'orthographe.
Je suis donc mitigée ... mais contente tout de même d'avoir découvert cette bande dessinée grâce à un partenariat avec BOB  et les éditions Manolosanctis. J'ajoute que le format de cette bande dessinée est bien agréable !

lundi 13 septembre 2010

Des secrets et une récompense !


Un mois de régime et un peu plus de 4 kg de perdu, ce rythme me convient très bien car je n'ai pas le sentiment de me priver tant que ça et je ne suis pas pressée de maigrir (d'ailleurs je ne me suis fixé ni délai ni nombre de kilos à perdre) ! Là, j'ai décidé d'entamer une première phase de stabilisation et pour récompenser mes efforts, j'ai préparé des crèmes chocolat / spéculos légères (sans œufs ni beurre).

Avant d'en donner la recette, et puisque une internaute m'a demandé mes secrets sur un forum, voici les menus de ma première semaine de régime. Je ne suis pas certaine que ça ait de l'intérêt, alors n'hésitez pas à me dire en commentaire si ça vaut la peine que je continue à les indiquer ici !! 

 Etablir des menus est assez compliqué car plusieurs contraintes s'imposent : 1/ les plats doivent plaire à nous 4 et les enfants n'ont pas toujours les mêmes envies que les parents 2/ la plupart des dîners doivent faire aussi le déjeuner du lendemain 3/ en période scolaire les dîners doivent être "bentoïsables" pour le lendemain - bref, ce n'est pas simple !

Dernier détail : mes petits déjeuners de régimeuse sont composés de thé vert (sans sucre ni lait), de 4 biscottes légèrement beurrées puis selon les jours d'un yaourt nature (sans sucre) ou d'oranges et citron pressés.

LUNDI
midi : salade de thon / tomates / chèvre (10 à 15 gr) + un morceau de baguette + pomme
soir : soupe de légumes + papillote d'églefin à la tomate avec 2 pommes de terre + crème dessert
MARDI
midi : crudités (tomates et concombre) + parmentier d'églefin + 3 biscottes avec de la brousse + pomme
soir : salade d'endives + une tranche de rôti de porc aux carottes + yaourt nature (sans sucre)
MERCREDI
midi : salade de chou blanc et pomme + 1 tranche de rôti de porc aux carottes + un morceau de baguette + brousse + poire
soir : salade chou blanc / pomme + escalope de dinde + petits pois / carottes + 4 cuillères à soupe de fromage blanc 0% avec 2 spéculos
JEUDI
midi : une part de tarte aux poireaux + sauté de dinde au curry + riz
soir : tomates farcies printanières + fromage blanc aux spéculoos
VENDREDI
midi : tomate farcie printanière + riz + un morceau de baguette + fromage de chèvre
soir : velouté d'endives + clafoutis chèvre / abricot / courgette (clic !) + fromage blanc nature
SAMEDI
midi : macédoine de légumes + tomates + thon + un morceau de baguette avec du chèvre + poire
soir : 3 boulettes de boeufs avec des spaghettis + brocoli + crème dessert
DIMANCHE
midi : concombres + fromage blanc salé + une portion de colin pané (50 gr) + yaourt nature
soir : soupe de légumes + blé (2 cuillères à soupe) + saumon (50 gr) + poivrons + 4 cs de fromage blanc avec une cc de confiture

Recette des crèmes légères au chocolat et spéculos (original : ici) - pour 4 personnes
Dans un bol, briser 60 grammes de chocolat noir. Verser 10 cl de lait. Placer 1 minute au micro-ondes à 800 W.
Délayer 2 cuillères à café de maïzena dans 20 cl de lait froid puis mélanger au chocolat chaud.
Réduire en miettes 4 à 6 spéculos, en réserver un petit peu. Incorporer le reste des spéculos broyés au mélange liquide. Ajouter un sachet de sucre vanillé.
Verser le tout dans une casserole à fond épais et placer sur feu très doux. Laisser épaissir en mélangeant constamment pendant une dizaine de minutes. 
Répartir dans 4 ramequins. Placer au réfrigérateur une heure au moins. Au moment de servir, agrémenter des miettes de spéculos mises de côté.


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vendredi 10 septembre 2010

Ego Tango de Caroline de MULDER


"Lou comptait les jours où rien ne se passait, où rien ne s'était passé, sans y parvenir, tant ils étaient nombreux et se ressemblaient. Nous sommes plusieurs, à connaître l'angoisse des jours qui passent, comptés, décomptés, lorsque chaque jour qui finit est une chance de moins, lorsque c'est de mort lente que meurt le possible, et qu'insensiblement, il donne dans son contraire qui n'est pas l'impossible mais le rêve, puis la rêverie, puis plus rien. Chaque jour où rien n'arrive nous éloigne du jour où quelque chose pourrait puis aurait pu arriver. Nous rêvons, dans l'ombre de nous-mêmes. Ce que nous attendions devient ce qui nous attend. Plus nous avançons, plus la vie nous fuit."


Le premier roman de Caroline de Mulder plonge sans aucun ménagement le lecteur dans le monde trouble du tango.
La narratrice, à l'identité floue, raconte et se raconte : un  quotidien qui ne distingue plus vraiment la nuit du jour, exclusivement occupé par le tango, toujours en attente sans vraiment savoir de quoi (d'un amour qui passe et fuit ; de la prochaine soirée de danse ; du retour de Lou danseuse amie autant que rivale subitement disparue), un quotidien où le fantasme occupe plus l'espace que la réalité. Des personnages se croisent, se cherchent en s'évitant, se regardent sans se voir. Ambiance moite, addictions multiples, décrépitude à peine masquée par un vernis défraîchi ... c'est dans un univers surprenant et envoûtant que se déroule Ego Tango.
Soutenu par un style abrupt, haché et pourtant poétique, un  style qui rebute et qui émeut tout à la fois, ce roman peut égarer, il peut agacer, il peut transporter ...  mais il ne peut pas laisser indifférent. Difficile de qualifier la plume de Caroline de Mulder : la syntaxe est maltraitée voire cassée comme le sont les corps et les âmes de ses anti-héros. La beauté jaillit de phrases qui n'en sont pas, de phrases qui commencent souvent par des propos convenus pour s'achever net, laissant le sens en suspens, maltraitant la ponctuation, faisant surgir l'émotion de la laideur et de l'errance. Un  style si singulier qu'il est difficile d'en citer un passage car coupé de ce qui l'entoure il perd de sa saveur, d'où mon choix de l'extrait placé en exergue, plus classique. La plume de Caroline de Mulder danse comme ses personnages : tantôt en rythme, en avant, tantôt reculant, comme par à-coups. 

A plusieurs reprises, lors de ma lecture, j'ai pensé à "Une Charogne" de Baudelaire ainsi qu'à des poèmes qu'on trouve beaux sans pourtant les comprendre vraiment. J'ai aimé Ego Tango sans l'aimer ; ma seule certitude est que je n'oublierai pas le nom de son auteur et que je guetterai la sortie de son prochain roman.

Un grand merci à la librairie Dialogues qui m'a permis de découvrir ce livre !

4/7

dimanche 5 septembre 2010

Tsubaki - Le poids des secrets 1 d'Aki SHIMAZAKI

""Il y a des cruautés qu'on n'oublie jamais. Pour moi, ce n'est pas la guerre ni la bombe atomique."
Je jetai un regard sur son visage. "Alors, de quelles cruautés tu veux parler, maman ?" Je voulais le lui demander, mais je me suis retenue. (...) Le lendemain matin, elle était morte."

C'est chouette les amis, ça vous envoie des colis surprises pile le jour de la rentrée avec de jolies choses et un chouette livre dedans ! 

A la mort de sa mère, Namiko découvre une lettre qu'elle lui a écrite alors qu'elles se voyaient régulièrement. Surprise, Namiko y découvre une requête inattendue et un aveu terrible ... Sa mère, Yukiko, a grandi pendant la seconde guerre mondiale et a survécu à la bombe atomique tombée sur son quartier mais, pour elle, ce n'est pas le souvenir le plus terrible. Elle raconte ainsi sa vie, celle de ses parents et révèle peu à peu des amours cachées, des mensonges, un crime aussi terrible que parfait puisque jamais découvert.Quoique bien gardés, les secrets pèsent sur les êtres et leur offre le mutisme comme dernier horizon.

Tsubaki (qui signifie "camélias", en référence à la fleur préférée de Yukiko) est un récit bref qui mène le lecteur de révélation en révélation, comme si la fatalité guidait les destinées. Aki Shimazaki a une écriture légère, presque douce, alors que les événements racontés sont terribles : le jour du bombardement de Nagasaki est narré avec une subtilité qui rend les pires horreurs presque poétiques. L'amour et la mort (Eros et Thanatos) sont intimement liés, de manière à la fois naturelle et tragique. Petite et grande histoire se confondent ce jour-là et le mot "destin" prend alors tout son sens. Les voix des deux narratrices, la mère et la fille, alternent et reconstituent l'une avec l'autre la vie, aussi banale que singulière, de leur famille.

Cette lecture m'a donné très envie de découvrir les 4 autres volets de cette tétralogie !

Nouvelles rubriques !

Je poursuis mon régime et, forcément, cela me donne de nouvelles idées de rubriques. L'une d'entre elles a déjà été inaugurée mais elle n'avait pas encore de logo : voici donc officialisée la naissance d'une rubrique "recettes minceurs". Attention, je suis un régime qui n'interdit aucun aliment mais veille plutôt d'une part à équilibrer leur consommation, d'autre part à limiter les portions : mes recettes ne sont donc "minceurs" que dans ce cadre-là. Ca fonctionne pour moi, mais je ne suis pas diététicienne, je ne garantis donc pas leur efficacité sur les autres. En revanche, puisqu'évidemment, je les teste toutes, je garantis qu'elles sont bonnes :-).


  Régime + rentrée des classes avec pas mal de changements cette année = obligation de s'organiser et notamment de prévoir des menus. Puisque j'ai eu beaucoup de mal à en trouver sur le net qui conviennent à nos contraintes, j'ai eu l'idée de publier, très modestement, les nôtres. Me connaissant, je ne m'engage à aucune régularité mais je ferai de mon mieux ! :-)






Cette semaine, nous avons testé une recette plus ou moins inventée : j'avais repéré une recette de tarte au brocoli et à la brousse  dont j'ai finalement fait ... un gratin poireau / thon à la brousse !! 

Pour 4 personnes
Eplucher, couper, laver 5 poireaux et les faire cuire à l'eau non salée pendant 15 à 20 minutes. Egoutter et sécher sur un papier absorbant.
Préchauffer le four à 200 °.
Répartir le poireau au fond d'un plat à gratin et couvrir de thon emmiétté (une boîte moyenne). 
Dans un bol, fouetter un œuf avec 4 à 5 cuillères à soupe de brousse. Saler, poivrer. Verser sur le thon. Parsemer de parmesan (sans en abuser !).
Enfourner 30 minutes.



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mercredi 1 septembre 2010

Incident de personne d'Eric Pessan

"Un grattement contre la vitre, mais je ne vois rien.
Et rien qui soit visible gratte. Des esprits, des fantômes. Combien sommes-nous dans ce train ? Trois ou quatre cents. Combien de fantômes par personne, libérés par l'inaction et la proximité de la mort violente ? C'est ma question : combien chaque individu transporte-t-il en lui de fantômes ? (...) Cela ferait une belle image dans un film ou un roman : un suicide ouvrirait momentanément les portes verrouillées des mémoires, et des milliers de fantômes se verraient libérés pour quelques heures, ils folâtreraient dans les champs, prendraient des nouvelles du monde, s'indigneraient du peu d'honneur que les vivants leur accorde. Ils dégourdiraient leurs membres immatériels, pressés de s'agiter, sachant que les choses rentreront très vite dans l'ordre, qu'ils se retrouveront très vite cadenassés derrière les préoccupations quotidiennes."


Un homme, dont on ne connaîtra pas le nom, monte dans le Paris-Nantes en espérant ne pas tomber sur un voisin bavard qui lui racontera sa vie. Alors que le train s'arrête brutalement en pleine campagne sarthoise après avoir percuté quelqu'un, le narrateur se surprend à entamer la conversation avec sa voisine, à laquelle peu à peu il va se livrer, sans plus pouvoir s'arrêter. Attentive, sa voisine l'écoute sans beaucoup lui répondre et l'homme se révèle être cassé par les vies que d'autres lui ont racontées, tellement nourri de drames qui ne sont pas les siens qu'il en déborde et se trouve lui-même au bord du gouffre, accablé également par sa propre enfance. 

Ce train arrêté en rase campagne pour une durée indéterminée est le lieu d'un huis clos. Le drame qui se joue à l'extérieur avec le suicide d'un anonyme réveille d'autres drames enfouis au fond de l'âme du narrateur. Unité de temps, unité de lieu, unité d'action ... Incident de personne est composé comme une tragédie et c'en est bien une : la tragédie du quotidien. L'écriture d'Eric Pessan est  belle, forte. Malgré les quelques réponses de la passagère, le récit s'apparente à un long monologue qui alterne les confidences du narrateur et ses pensées intérieures. Le lecteur est saisi et devient, malgré lui, le double de la confidente. 
J'ai aimé le style d'Eric Pessan, j'ai aimé ses choix narratifs ... néanmoins, aux deux tiers du livre, j'ai soudain été lassée par le récit parfois répétitif du narrateur et, surtout, je n'y ai plus cru. L'accumulation de drames m'a semblé suspecte, excessive ... Il est vrai que je n'ai pas l'expérience du métier pratiqué par le narrateur et cause de toutes ces confidences qu'on lui fait, mais j'ai douté soudain qu'il croise tant de gens ayant vécu les mêmes drames et disposés à les raconter ainsi, parfois en public selon le narrateur. Pour autant, j'ai poursuivi ma lecture et j'y ai pris plaisir, à nouveau grâce à la puissance du style. 

3/7