samedi 30 janvier 2010

Le Vieil Homme qui n'écrivait plus de SOKAL

"La littérature, il faut qu'elle reste dans les livres ... Ailleurs, elle est insupportable (...)"

A force de vous voir dévorer des bandes dessinées, j'ai eu envie de m'y mettre à mon tour ! Comme je n'y connais vraiment rien, j'ai demandé à mes copines lectrices de me souffler quelques conseils et c'est avec une petite liste que je me suis rendue dans ma bibliothèque municipale. Malheureusement, je n'ai pas trouvé la plupart de ces titres et les illustrations de ceux qui étaient bien dans les rayonnages ne me disaient rien. J'ai donc fouiné et je suis tombée sur un titre qui ne pouvait que m'attirer ! J'ai alors emprunté cette BD sans même l'ouvrir, me réservant une petite surprise (oui, j'aime bien me faire des surprises toute seule !!).


Couverture_bd_220339109XCette bande dessinée s'ouvre sur une vignette de pleine page qui représente une montagne, en août 1944. Des villageois apeurés fuient dans le maquis quand, soudain, la seule jeune femme du groupe est touchée par une balle et meurt dans les bras d'un garçon de son âge. Au sortir de la guerre, ce jeune homme, Augustin Morel, seul rescapé de ce groupe de résistants, raconte son histoire dans un roman autobiographique intitulé Marianne, prénom de l'amour qu'il a perdu ce jour-là.
Devenu un vieil homme, Augustin vit loin de ce petit village de montagne et la solitude est devenue son refuge. Pourtant, une jeune cinéaste qui souhaite adapter ce roman au cinéma et le tourner sur les lieux de l'action, parvient à faire retourner Augustin dans ce petit village où son passé va lui sauter à la figure et remuer les souvenirs de toute une population.

Le Vieil Homme qui n 'écrivait plus, de Sokal (éditions Casterman) est un récit complexe qui mêle les époques en alternant passé et présent, multiplie les points de vue (Augustin qui retrouve seul les lieux où il a tant aimé et où il a tant souffert ; les villageois qui commentent ce retour ; un inspecteur de police qui interroge les protagonistes ; l'équipe de cinéma qui tente de réaliser son projet ...), mais aussi passe du récit de la vie des personnages, au roman écrit par Augustin (des pages de son roman occupent des vignettes de la BD), au cinéma. L'intrigue est tout à la fois personnelle, historique, policière et le lecteur est tenu en haleine jusqu'au bout.

Le Vieil Homme qui n'écrivait plus est une histoire prenante, intense, qui plonge sans ménagement le lecteur au cœur des pages sombres et encore lourdes de secrets de la guerre telle qu'elle pouvait être vécue dans de petits villages. Les tensions que la guerre pouvait faire naître entre les habitants sont parfaitement dépeintes. Le poids du souvenir mais aussi l'inconscient collectif avec toute l'hypocrisie, la bêtise mais aussi la naïveté dont il est nourri, sont omniprésents, tant dans le récit lui-même que dans les dessins qui mettent en avant des visages burinés, usés, creusés par tous ces souvenirs qu'on ne chasse jamais définitivement.

J'ai donc dévoré cette bande dessinée, happée par cette histoire, et j'en suis ressortie toute troublée. J'ai néanmoins encore du mal à m'enthousiasmer pour les illustrations ... J'ose même dire qu'elles m'ont parfois gênée dans ma lecture tant elles ne sont pas ma tasse de thé et j'en reviens là à ce qui me rebute dans la bande dessinée en général ...

4 commentaires:

Cappuccinette a dit…

Je ne lis jamais de BD car je n'en ai pas pris l'habitude étant petite : chez moi c'était interdit.
J'ai parfois envie d'en lire mais je suis comme toi, les images me dérangent : je trouve que ça bloque mon imaginaire... (et entre nous je trouve les prix des BD prohibitifs pour une lecture qui ne dure guère longtemps...)
Bises de Capp

Christine a dit…

Il est certain que la bande-dessinée est bien plus proche du cinéma que de la littérature dans sa capacité à mettre en "images" un scénario.
En tous cas, c'est ce que je ressens: je me plonge dans une BD comme je m'assois devant l'écran dans une salle de ciné. Je me laisse porter par les images, je suis plutôt "passive", alors qu'en lisant un roman, je suis une lectrice "active" dont l'imagination fonctionne "à plein régime"!
As-tu lu la série sur la Commune réalisée par Tardy? Voilà un exemple de BD intelligente, mêlant fiction et histoire. J'aime aussi Van Hamme, Bilal(mais il faut aimer la science-fiction) et bien sûr Marjane Satrapi et son Persépolis!
Je ne conaissais pas cet album-là, je note son titre car ton réusmé me donne bien envie de le découvrir...

Dolly a dit…

j'adore les BD ! voilà un titre que je ne connaissais pas, je note..mais j'aime être attirée par les images en premier alors je ne sais pas si je vais aimer...

ELOAH a dit…

@ Capp : moi non plus je ne lisais pas vraiment de BD quand j'étais enfant et je pense que ma difficulté à les apprécier vient de là, c'est un peu une activité qui m'est étrangère ! Mais je suis curieuse et tenace ... Quant au prix, je le contourne en empruntant dans ma petite bibliothèque municipale.

@ Christine : la prochaine fois que je lirai une BD, je penserai à ta petite phrase "je me plonge dans un BD comme je m'assois devant l'écran dans une salle de ciné" ... ça m'aidera peut-être. Merci !! Merci aussi pour tes conseils de lecture, je note !

@ Dolly : j'espère que tu liras cette BD-ci, je l'ai vraiment aimée !