samedi 1 mai 2010

Double regard sur Catalène Rocca et L'Homme au manteau de pluie de JF DELAPRE

 "Pour quelle raison n'est-elle pas une cliente comme les autres ? Elle porte son index droit à sa bouche. De quel auteur veut-elle tourner les pages ? Je passe et repasse devant elle, je ne suis qu'un élément du paysage qu'elle invente."

Grâce à un partenariat organisé par BOB BOB avec les Éditions de la Table Ronde, ma compagne et moi avons lu le même livre pour croiser nos regards de lectrices lecture_commune. Ce n'est bien sûr pas la première fois que nous lisons le même livre mais c'est la première fois que nous en parlons à d'autres ! Nous avons rarement les mêmes goûts en la matière et ... ça s'est vérifié cette fois encore.

catal_ne_roccaCe tout petit livre à la belle couverture jaune réunit deux nouvelles composées par Jean-François Delapré, libraire le plus à l'ouest (euh, géographiquement s'entend :-)) d'Europe ! Le héros de chaque histoire est libraire lui-même : d'emblée, la dialectique du réel et de l'imaginaire se place au cœur des récits car ils ressemblent à des anecdotes mais  ils sont classés parmi les nouvelles.
Catalène Rocca est un titre éponyme : une jeune femme qui porte ce nom vient demander au libraire un livre dont elle connaît l'auteur mais dont elle a oublié le titre. Séduit par cette cliente, le libraire va remuer ciel et terre pour trouver ce livre ... L'homme au manteau de pluie est, lui aussi, un client qui passe quasiment inaperçu même si la vendeuse se laisse charmer par son attitude, même surtout si le libraire entretient un jeu mystérieux avec lui ...
Difficile d'en dire davantage sans déflorer ces nouvelles dont les chutes respectives sont surprenantes !

Mon amie est vraiment restée sur sa faim en refermant ce petit livre, ce qui a nui au plaisir de sa lecture. Elle a trouvé ces récits trop simplistes et je comprends son sentiment même si je ne le partage pas tout à fait. Il est vrai que ces deux nouvelles adoptent un style assez simple et s'ancrent dans le quotidien d'un libraire que rien ne distingue d'un autre. Pour autant, j'ai été sensible voire charmée par un tas de petites choses qui ont agrémenté ma découverte de ce livre : chaque nouvelle s'ouvre sur une citation extraite d'une chanson, ce qui invite à les lire comme on écouterait une ballade. Par ailleurs, je me suis demandé si le style et les situations n'étaient pas volontairement simplistes afin de créer un contraste avec les événements qui vont amener aux chutes des récits, rappelant ainsi aux lecteurs que l'extraordinaire se produit toujours là où on ne l'attend pas ... Enfin, j'ai trouvé intéressant le fait que les deux récits soient composés comme en miroir. Ainsi, la simplicité de ces deux récits n'est, pour moi, qu'une porte d'entrée vers un univers tout en subtilité et détours alors que mon amie y a vu de l'ennui.

Un joli petit recueil, donc, dans lequel il n'est pas évident de se laisser porter ... A vous de l'essayer pour savoir si vous vous laisserez séduire ou si vous resterez sur le quai !

Merci à BOB et aux éditions de la Table Ronde pour cette découverte et cette lecture croisée ! 

4 commentaires:

Mutine lectrice frustrée en ce moment a dit…

c'est marrant comme concept...j'essaie d'imaginer si je devais lire ce qui lit ma cactus et vice versa (tiens faudrait qu'on tente...mais je ne garantis pas le résultat !!).

ELOAH a dit…

@ Mutine : en fait, cette lecture à deux était proposée par BOB lors de ce partenariat ! D'habitude, quand on lit la même chose, on le fait en différé.

Mutine a dit…

En fait je ne parlais pas de timing mais plutôt de gout différent en matière de lecture.

ELOAH a dit…

@ Mutine : ah oui, nos goûts aussi sont clairement différents en la matière mais c'est aussi pour cela qu'on a eu envie de s'essayer à une lecture commune, pour voir ce que ça donnerait.