jeudi 1 avril 2010

Prix des Incorruptibles # 5


"Esther faisait semblant de courir et de sauter. Elle avait inventé une manière silencieuse de jouer. Elle mimait la vie avec des gestes très lents. Elle chuchotait des chansons, lançait des balles imaginaires qu'elle rattrapait toujours. Esther était notre petit clown et, sans elle, la vie dans le grenier aurait pesé bien plus lourd que du plomb.
Je lui offrai une petite boîte dans laquelle j'avais mis tous les noyaux de cerises que je gardais précieusement.
- Ce sont des billes. Des billes de guerre !"

mil3424Gabriel tombe amoureux de sa nouvelle voisine, Salomé, dès le premier regard qu'ils échangent. Mais nous sommes en 1942 et les deux enfants portent l'étoile jaune qui va les contraindre à se cacher avec leurs familles dans le grenier de leur immeuble où un semblant de vie s'organise pour vivre, coûte que coûte. L'amour enfantin de ceux qui trop vite sont amenés à oublier leur enfance grandit dans cet espace clos, d'un confort minimaliste, privé d'intimité, où règnent le doute, l'inquiétude, les questions sans réponse mais où pourtant la vie se faufile dans des petites choses qui empêchent de sombrer complètement.

Ce 4è roman de la sélection des Incorruptibles pour les niveaux CM2 / 6è inco_0910 réussit la prouesse d'aborder un sujet difficile pour cette tranche d'âge sans tomber ni dans le pathos ni dans la mièvrerie. Bien au contraire, c'est un récit à la fois pudique et émouvant. Agnès de Lestrade peint avec habileté la réclusion de deux familles emblématiques de tout un peuple, l'attente, l'impuissance. Le titre Des étoiles dans le cœur traduit joliment l'idée que l'amour, même à 11 ans, est un rempart contre la violence mais aussi le fait qu'en un sens l'ennemi ne peut pas toucher au plus intime des êtres : leurs sentiments, leurs émotions.

Le narrateur étant Gabriel, le style du récit est simple mais riche d'une vision encore un peu naïve donc poétique du monde. Je n'aime pas toujours les narrateurs enfants mais ici il me semble que c'est un choix habile car seul un regard innocent, voire chargé d'incompréhension, sur ces événements peut exprimer avec justesse l'effarement qui nous saisit immanquablement face à tant de cruauté et d'injustice.


3 commentaires:

Dolly a dit…

En effet, cela a l'air très intéressant comme roman jeunesse, je note.

sarah a dit…

Moi aussi, je note!
En plus, la couverture me plait beaucoup.

Leiloona a dit…

Je découvrirai ces livres lorsque je reviendrai de mon congé mat' ! Hâte de découvrir cette sélection, même avec du retard. ;)