"Jadis, nous avions été une multitude de singes nus, passant notre vie à gratter le sol pour trouver de quoi subsister sur un rivage africain. Désormais nous étions un grande armée, une termitière de géants qui pouvaient secouer la planète en tapant du pied tous ensemble, qui pouvaient réchauffer l'air rien qu'en respirant."
Voici un roman dont je n'avais pas entendu parler, que je n'aurais sans doute pas acheté et que j'ai choisi un peu au hasard lors de la dernière opération de Masse Critique ... Et pourtant, quelle rencontre, quel coup de cœur ... quel livre !
Alors que toute civilisation semble disparue de la surface de la terre, Makepeace survit, tant bien que mal, aux abords d'une ville désertée de Sibérie. La solitude et le danger permanent l'oppressent au point de désirer mourir mais alors que Makepeace s'apprête à passer à l'acte, un avion surgit de nulle part, traverse le ciel et s'écrase ... Il y aurait donc encore de la vie quelque part, d'autres survivants sur cette terre désolée ? Makepeace reprend courage et se lance dans une quête éperdue d'humanité. Sa longue route mène le personnage vers d'autres rescapés, regroupés en tribus, luttant eux aussi pour leur survie et se méfiant donc de toute intrusion. Cette route mène en même temps le protagoniste sur le chemin de l'introspection, retraçant son passé et celui de ses proches, tentant de comprendre comment l'homme en est venu à détruire son propre monde.
Marcel Théroux a composé un roman d'anticipation magistral qui pousse l'homme dans ses derniers retranchements et l'interroge sur la part d'humanité qui reste lorsqu'il ne reste justement plus rien parce qu'il a, lui-même, tout détruit. Loin d'être désespéré, Au Nord du monde est un récit lucide, porteur de vie malgré les drames et la violence qui se succèdent, comme pour dire que la seule force de l'être humain réside en sa capacité à rebondir et à (se) reconstruire, toujours.
Cette lecture m'a égarée durant les 30 ou 40 premières pages puis, une révélation (du moins, un élément essentiel que je n'avais pas vu !) a relancé mon intérêt et j'ai été happée par la prose de Marcel Théroux. J'ai alors poursuivi ma lecture lentement pour savourer chaque mot, pour faire durer le plaisir. J'ai tout particulièrement aimé la manière dont l'auteur a créé un monde à la fois si proche et si inimaginable. Makepeace est de ces personnages qu'on n'oublie pas et les lieux traversés, si majestueux et si anéantis, sont d'une effrayante beauté.
Un grand grand merci aux éditions PLON et à Masse Critique pour ce partenariat !
Paru en août 2010 dans sa traduction française, ce roman fait partie de mon défi du 1% de la rentrée littéraire.
6/7
3 commentaires:
J'ai craqué sur ce livre en lisant quelques billets élogieux... Je vois que tu ne déroges pas à la règle... Ton enthousiasme est contagieux... Je pense que je vais le lire bientôt
Bonne journée
@ L'or des chambres : je te le conseille vraiment, j'ai beaucoup aimé !
Moi aussi, j'ai beaucoup aimé ce roman (gros coup de coeur de la rentrée avec quelques autres) et je l'ai trouvé encore mieux que La route de Cormac McCarthy !
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