"Elle tirait gloire d'être mortelle, gloire, contre l'infini réalité, de se savoir éphémère, de pouvoir cueillir un bouquet du monde qui ne ressemblerait à aucun autre.
En vérité, elle plaignait le sable et l'eau qui, bien sûr, vivraient au-delà d'elle, toujours, mais sans avoir jamais créé une illusion, sans s'y être abandonnés, sans avoir vécu d'elle et qu'elle vive en eux, au point de la faire mourir avec soi."
Le premier roman dont j'ai envie de parler n'est à vrai dire pas une découverte mais une re-lecture. Quand une amie m'a offert La Salamandre de Jean-Christophe Rufin l'année dernière, j'ai d'abord posé le livre sur une étagère sans l'ouvrir tout de suite car j'avais adoré Globalia (clic !) mais pas pu finir Rouge Brésil (re-clic !) et j'avais peur d'être déçue ... Ce fut tout le contraire !
Catherine a 46 ans et mène une vie morne qui la satisfait jusqu'au jour où on lui découvre des fibromes qui, bien que bénins, vont bouleverser sa vision de la vie. Contrainte de solder ses vacances, elle décide alors de partir un mois au Brésil, chez des amis qui se sont installés là-bas. Elle découvre d'abord ce pays comme une touriste occidentale pétrie de clichés mais très vite elle est abordée par un gigolo qui la mène dans un tout autre univers. Elle se laisse séduire par ce jeune homme, défiant les recommandations de ses amis. Elle décide alors de renoncer à sa vie parisienne, à son travail, à ses biens pour faire sien ce Brésil qui pourtant l'agresse tout autant qu'il la séduit, pour vivre cet amour qu'elle sait fatal et elle va s'enfoncer dans la violence inouïe des favelas. Son amour pour Gil la comble mais la détruit : plus il la révèle à elle-même plus elle se perd et plus elle a besoin de lui au point de renoncer à son humanité et à sa dignité.
C'est un récit d'autant plus saisissant que dans un Avertissement Jean-Christophe Rufin explique qu'il lui a été inspiré par une histoire vraie. Tout au long de ma lecture, je n'ai pu oublier une seule seconde qu'une femme avait réellement vécu une histoire similaire et c'est ce destin digne d'une héroïne racinienne qui m'a fascinée et bouleversée au point d'avoir envie de le relire. J'ai surtout été troublée par l'ambivalence permanente des sentiments de Catherine : d'abord captivée et choquée par ce pays puis terriblement attirée et effrayée par Gil, enfin épanouie et détruite par la violence de cet amour ... comme s'il lui fait vivre de tels paradoxes pour se réaliser enfin.
Un très beau roman !
4 commentaires:
Eh ben tu vois Eloah, tu l'as fait ce premier article sur une lecture (et tu vas y prendre goût, j'en suis sûre !). Tu me donnes envie de le lire...
Merci Fizz ! C'est vrai que j'avais un peu peur de ce premier article et finalement j'y ai vraiment pris plaisir.
Je n'ai pas encore lu ce roman de Ruffin mais je suis une fan. Globalia était pas mal mais différent de ce que j'avais lu de lui. J'ai aimé Rouge Brésil mais bien plus encore "L'abyssin" et "savez Ispahan"
Ah, Doc Doc, je n'ai pas lu ces deux-là mais ils sont sur ma liste ... quand j'en aurai le temps !
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