"La guerre était un murmure, une vilaine rumeur, une irritation passagère, un remords vite surmonté, une mauvaise conscience avec laquelle on peut aisément s'arranger. (...)
Et voilà que tu débarques dans mon existence, Arthur, sans même prévenir, sans crier gare, avec ton cortège effroyable de cadavres, de bombes, de boue, ton expérience affreuse, inaudible de la douleur, de l'incompréhensible, de l'incommunicable, voilà que tu es là, tout à coup, debout devant moi, dans le costume de tes vingt ans, et que tu me regardes de tes yeux tristes, fatigués, à peine accusateurs, au point que je préfèrerais qu'ils soient pleinement accusateurs."
Et voilà que tu débarques dans mon existence, Arthur, sans même prévenir, sans crier gare, avec ton cortège effroyable de cadavres, de bombes, de boue, ton expérience affreuse, inaudible de la douleur, de l'incompréhensible, de l'incommunicable, voilà que tu es là, tout à coup, debout devant moi, dans le costume de tes vingt ans, et que tu me regardes de tes yeux tristes, fatigués, à peine accusateurs, au point que je préfèrerais qu'ils soient pleinement accusateurs."
Eté 1916. Vincent a 16 ans et il vit dans un monde qui le protège de la guerre qui gronde à des kilomètres de là. Il passe ses après-midis avec Marcel Proust qui a 30 ans de plus que lui et auquel le lie une amitié ambiguë puis il passe ses nuits avec Arthur, jeune soldat envoyé dans les tranchées qui profite d'une permission d'une semaine. Vincent se nourrit de ces deux relations, l'une intellectuelle, l'autre charnelle, toutes deux essentielles.
Le récit est composé de trois parties : "L'offrande des corps" alterne les chapitres de Vincent avec Proust qu'il vouvoie et les chapitres avec Arthur qu'il tutoie, alterne aussi les chapitres de conversations avec ceux de corps à corps ; "Séparation des corps" voit le récit devenir épistolaire : séparés, les amants et amis s'écrivent et cette partie fait se succéder les lettres de Vincent à Arthur, à Marcel puis les réponses de chacun ; "A corps perdus", très différent, est un huis clos poignant qui réunit Vincent et la mère d'Arthur.
C'est un roman qui a véritablement su me conquérir, au premier sens du terme. Je l'avais repéré dans ma librairie et j'avais été très attirée par la couverture de sa nouvelle édition ainsi que par son titre mais c'est finalement à la bibliothèque que je l'ai emprunté. J'ai commencé à le lire immédiatement et j'ai été très déçue ! Je n'aimais pas le style lapidaire ponctué de "Il dit :", "Je dis :", "Je pense :" et je n'arrivais pas du tout à accrocher au style choisi pour faire parler Proust. Puis est arrivé le personnage d'Arthur ; les phrases ont pris de l'ampleur et j'ai été séduite par la fulgurance de l'amour entre Vincent et lui mais aussi par cette ambivalence dans les mêmes chapitres, pourtant très courts, entre les moments de tendresse très beaux et les passages, terribles, dans lesquels Arthur évoque la guerre. J'ai ensuite été complètement conquise par la deuxième partie, l'échange de lettres entre les trois personnages. Toujours un peu gênée par le style choisi pour Proust, j'ai lu et relu les lettres des deux amants avec émotion. Enfin, j'ai été bouleversée par le début de la troisième partie, par le discours de la mère d'Arthur. J'ai regretté cependant les dernières pages du roman : j'avais pressenti cette fin mais elle me semblait si grotesque que je l'avais vite écartée de mon esprit ... j'ai été assez déconcertée de lire que l'auteur avait choisi un tel coup de théâtre en guise de final.
En somme, j'ai été profondément touchée par tous les passages concernant l'amour entre Vincent et Arthur, par ceux qui évoquent la vie et surtout la peur, les émotions des Poilus, par le ressenti de la mère d'Arthur, mais j'ai eu du mal à adhérer à l'audace de l'auteur à prétendre faire parler un écrivain tel que Proust, à lui attribuer des attitudes, à lui inventer une histoire.
Néanmoins, à chaque fois que j'étais décontenancée par des pages qui me rebutaient, je me rappelais que je tenais là un premier roman et que c'est peut-être à la jeunesse de l'écrivain qu'on devait tant d'audace, peut-être de maladresse aussi et que les belles pages rachetaient mille fois celles qui me contrariaient. Une fois refermé, lire ce roman m'a manqué !
Ce premier roman de Philippe Besson a obtenu le prix Emmanuel Roblès.
Le récit est composé de trois parties : "L'offrande des corps" alterne les chapitres de Vincent avec Proust qu'il vouvoie et les chapitres avec Arthur qu'il tutoie, alterne aussi les chapitres de conversations avec ceux de corps à corps ; "Séparation des corps" voit le récit devenir épistolaire : séparés, les amants et amis s'écrivent et cette partie fait se succéder les lettres de Vincent à Arthur, à Marcel puis les réponses de chacun ; "A corps perdus", très différent, est un huis clos poignant qui réunit Vincent et la mère d'Arthur.
C'est un roman qui a véritablement su me conquérir, au premier sens du terme. Je l'avais repéré dans ma librairie et j'avais été très attirée par la couverture de sa nouvelle édition ainsi que par son titre mais c'est finalement à la bibliothèque que je l'ai emprunté. J'ai commencé à le lire immédiatement et j'ai été très déçue ! Je n'aimais pas le style lapidaire ponctué de "Il dit :", "Je dis :", "Je pense :" et je n'arrivais pas du tout à accrocher au style choisi pour faire parler Proust. Puis est arrivé le personnage d'Arthur ; les phrases ont pris de l'ampleur et j'ai été séduite par la fulgurance de l'amour entre Vincent et lui mais aussi par cette ambivalence dans les mêmes chapitres, pourtant très courts, entre les moments de tendresse très beaux et les passages, terribles, dans lesquels Arthur évoque la guerre. J'ai ensuite été complètement conquise par la deuxième partie, l'échange de lettres entre les trois personnages. Toujours un peu gênée par le style choisi pour Proust, j'ai lu et relu les lettres des deux amants avec émotion. Enfin, j'ai été bouleversée par le début de la troisième partie, par le discours de la mère d'Arthur. J'ai regretté cependant les dernières pages du roman : j'avais pressenti cette fin mais elle me semblait si grotesque que je l'avais vite écartée de mon esprit ... j'ai été assez déconcertée de lire que l'auteur avait choisi un tel coup de théâtre en guise de final.
En somme, j'ai été profondément touchée par tous les passages concernant l'amour entre Vincent et Arthur, par ceux qui évoquent la vie et surtout la peur, les émotions des Poilus, par le ressenti de la mère d'Arthur, mais j'ai eu du mal à adhérer à l'audace de l'auteur à prétendre faire parler un écrivain tel que Proust, à lui attribuer des attitudes, à lui inventer une histoire.
Néanmoins, à chaque fois que j'étais décontenancée par des pages qui me rebutaient, je me rappelais que je tenais là un premier roman et que c'est peut-être à la jeunesse de l'écrivain qu'on devait tant d'audace, peut-être de maladresse aussi et que les belles pages rachetaient mille fois celles qui me contrariaient. Une fois refermé, lire ce roman m'a manqué !
Ce premier roman de Philippe Besson a obtenu le prix Emmanuel Roblès.
Un roman qui ne laisse pas indifférent !
3 commentaires:
Je ne connais pas cet auteur, pourtant il semble avoir un certain succès.
Effectivement la couverture est très belle.
Moi non plus je ne connais pas bien cet écrivain mais cette première lecture m'a donné envie de découvrir le reste de son œuvre.
sans aucun rapport, je viens de répondre (enfin !) à ton tagage ;o)
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