"Errant à l'intérieur d'elle-même, elle inspecta les organes et les os, voyagea dans les poumons et sous la peau qu'elle trouva franchement affreuse. Trop vieille, quasi déliquescente. Ce sentiment d'être immergée dans un corps qui ne lui appartenait pas était la chose la plus déroutante qui lui soit jamais arrivée. La plus terrifiante aussi."
Voici un nouveau roman dont je dois la découverte à mes amies Mutine & Cactus, devenues mes fournisseuses particulières en polar : merci les copines !
Pour toutes les fois de Lalie Walker est donc un polar mais pas que, et c'est justement cela qui m'a plu. Certes, l'intrigue principale consiste à découvrir quel est le monstre qui choisit ses proies en fonction de la couleur de leurs yeux pour les tuer sauvagement et disparaître ensuite en effaçant les plus infimes traces de son passage. Le roman s'ouvre d'ailleurs sur l'un de ces crimes et je dois avouer que si je n'avais eu confiance en mes prêteuses de livres, je crois bien que j'aurais aussitôt refermé celui-ci ... et que, sans le savoir, j'aurais raté quelque chose !
Dès le deuxième chapitre, on change radicalement d'univers : le récit s'intéresse à de nouveaux personnages, l'atmosphère et même le style de l'auteur changent radicalement et on en oublie presque l'intrigue policière qui vient d'être esquissée.
La particularité de ce roman réside ainsi dans cette dualité , cette coexistence de deux mondes, de deux histoires qui vont alterner, se mêler parfois, se répondre souvent pour finir, bien sûr, par fusionner. Lalie Walker a écrit une sorte de duo, de composition pour deux voix, au point qu'on ne saurait dire laquelle des deux protagonistes féminines est l'héroïne du récit : Jeanne la très secrète inspectrice de police ou Laure la psy tourmentée ? Le narrateur adopte d'ailleurs judicieusement un point de vue omniscient qui met les deux femmes sur un pied d'égalité tout en ouvrant aux lecteurs les portes de leurs pensées les plus intimes.
Avec Jeanne, le lecteur enquête, s'interroge, s'inquiète aussi. Avec Laure, le lecteur plonge dans des recherches passionnantes (mais parfois compliquées à mon sens) sur le rêve éveillé, l'inconscient, la construction de personnalités, l'amnésie, tout en essayant de comprendre avec Laure ce qui ne va pas dans son étrange famille.
La famille, justement, est un thème essentiel du roman et elle en prend pour son grade : secrets, mascarades, faux-semblants mais aussi profond amour fraternel sont au menu.
Lorsqu'on découvre la vie de l'auteur, Lalie Walker, on comprend que ce choix d'accorder la primauté à des femmes devait être une évidence pour elle tant son enfance a été marquée par des modèles féminins très forts. Le roman compte d'ailleurs quelques personnages féminins secondaires intéressants, notamment la mère de Laure, la coéquipière de Jeanne, sans oublier Geneviève qui sait tout sans se rappeler de rien.
C'est donc une lecture assez prenante même si le style reste simple et que le roman se lit vite. Mon seul regret reste que le titre n'est à mon humble avis pas très accrocheur !
Un roman policier mais pas seulement ... !
4 commentaires:
Je ne connais pas cet auteur mais ce que tu dis du livre me semble intéressant: ce double point de vue de femmes très différentes autour d'un crime!
Ma PAL plie déjà sous plusieurs polars, je vais tâcher de ne pas l'alourdir plus
Ce que tu en dis me donne vraiment envie de le relire (encore une fois, je suis passée à coté de ce livre...), mince alors !!
@ Mango : je te le recommande même si ça reste un roman assez simple car vraiment, c'est prenant et moi aussi j'ai aimé ce double point de vue féminin.
@ Stephie : ce roman croisera peut-être à nouveau ta route plus tard !
@ Mutine : pourquoi "passée à côté" ? Chacun fait sa propre lecture, il n'y a pas de perception unique d'un livre et tu as sans doute senti des choses dans ce roman qui m'ont échappé. En tout cas, encore merci de me l'avoir fait découvrir !
Enregistrer un commentaire