mercredi 1 décembre 2010

Le complexe de l'ornithorynque de Joe HOESTLANDT

"J'ai pris mon appareil photo, y ai collé l'œil ; et j'ai pensé que tout ce que j'observais, là, dehors, par la fenêtre, la fuite de la rue entre les hauts murs des immeubles, et le ciel où s'étaient échoués les nuages comme de blanches méduses, le couple d'amoureux qui se tenait embrassé sous l'abribus, le gros homme qui sortait avec peine de sa voiture jaune, le chien noir qui pissait contre le tronc de l'arbre, tous, choses et gens, se rencontraient là, dans mon œil à moi ! Et ils ne le savaient même pas ! Alors, vite, avant que les nuages ne soient passés, que le couple ne se soit défait, que le gros homme ait disparu, que le chien se soit remis à trottiner, j'ai appuyé sur le bouton."

3 adolescents et un jeune adulte se côtoient et se racontent à tour de rôle : il y a Carla, la jeune fille qui se compare à un ornithorynque tant son corps et son esprit lui semblent étranges ; il y a Rose, la jeune handicapée, qui rêve d’avoir un enfant ; il y a Aurélien qui se découvre homosexuel ; et enfin Pierre qui, à 20 ans, a quitté sa famille pour affronter seul sa vie d’adulte.
Le lecteur suit ainsi les pensées, les interrogations et les tourments des 4 personnages qui rêvent d’amour, qui découvrent la solitude et qui comprennent peu à peu ce que c’est que « grandir ».
 





Le Complexe de l'ornithorynque est un joli roman qui évoque avec poésie les doutes et petits bonheurs que vivent les adolescents mais aussi, j'ose le croire, beaucoup d'adultes puisqu'on ne finit jamais vraiment de grandir, et c'est justement ce que j'ai aimé. En effet, à la lecture, je me suis soudain fait la réflexion que ces 4 personnages étaient comme un kaléidoscope de chacun d'entre nous, de nos tiraillements, espoirs, doutes et petits bonheurs et je crois que toute la finesse de Joe Hoestlandt est précisément là, dans cette habileté à saisir les grandes questions et les petits riens qui font notre humanité pour les traduire ensuite en mots et en personnages.
Une fois n'est pas coutume, j'ai envie de finir ce billet par une seconde citation qui parlera sans doute à plus d'un et qui, surtout, arrive comme un point d'orgue à une discussion que j'ai eue aujourd'hui avec un ami qui, je le sais, passe ici de temps à autre très discrètement :
"(...) peut-être que chaque fois qu'on aime, on est pris au dépourvu, on ne peut savoir ce qui va se passer, ni ce qui sera dit, ni ce qui sera fait. Peut-être qu'aimer, c'est forcément entrer dans le désordre."

2 commentaires:

Alwenn a dit…

J'ai le lu il y a un petit bout de temps, mais j'avais été déçue... je ne pourrais plus te dire pourquoi exactement, mais il m'avait laissé un arrière-goût de trop peu développé je crois. Je ne sais plus, il faudrait que je retrouve ma chronique. Bisous en passant car je me fais rare en d'autres lieux...

ELOAH a dit…

@ Alwenn : quel plaisir de te lire !! Ton avis m'intéresse, j'irai le lire sur ton blog : ce roman est en effet léger mais dans la mesure où il est destiné à des adolescents, je le trouve bien mené car il aborde des questions importantes sans imposer de réponse, tout cela dans un joli style.
Je te fais un gros bisou !