"(...) L'affaire Yéchoua n'est pas seulement une énigme, mais un mystère. Rien de plus rassurant qu'une énigme : c'est un problème en attente provisoire de sa solution. Rien de plus angoissant qu'un mystère : c'est un problème définitivement sans solution. Il donne à penser, à imaginer ... Mais je ne veux pas penser. Je veux connaître, savoir. Le reste ne m'intéresse pas. C'est pour cela que depuis deux jours, je ne suis qu'un silence long, compact, piqué de petits murmures sans conséquence, un silence lourd et immobile comme une urne de marbre."
Je m'étais inscrite à l'opération organisée par Pimprenelle mais mon cerveau en vacances a mal mémorisé la date et je me suis trompée ... Mea maxima culpa, je n'ai pas été capable de publier mon billet le bon jour puisque c'était le jour de mon départ en vacances et que je n'avais pas anticipé cela ! En outre, il ne s'agissait pas pour moi d'une découverte d'Eric-Emmanuel SCHMITT puisque j'avais déjà lu plusieurs romans de cet auteur dont Quand j'étais une oeuvre d'art et La Secte des égoïstes dont vous pouvez lire le billet ici. Toutefois, j'ai pris plaisir à retrouver sa plume et je remercie Pimprenelle de m'en avoir donné l'envie en organisant ce petit défi !
L'Evangile selon Pilate s'organise en deux parties. Dans la première, Yéchoua raconte de manière rétrospective sa vie, la découverte de son destin particulier, son incrédulité et ses doutes quant à la mission dont il est investi. Ce récit est d'autant plus touchant qu'il est fait depuis le jardin des Oliviers alors que Yéchoua attend qu'on vienne l'arrêter pour le condamner.
La seconde partie se veut un échange épistolaire entre Pilate et son frère. Même si le dispositif narratif est plus que bancal (en fait d'échange, un seul épistolier écrit et ses lettres contiennent tant de dialogues qu'elles n'en sont plus vraiment), le plaisir du lecteur est encore au rendez-vous car on suit les interrogations de Pilate qui ne croit pas en la résurrection de Yéchoua et qui donc enquête pour percer ce mystère. Il fait part de l'avancée de ses investigations à son frère avec lequel il partage ses doutes, ses espoirs, ses déceptions. Ces lettres montrent ainsi un homme en pleine réflexion, un homme que la réalité conduit à abandonner peu à peu ses convictions pour devenir un autre.
Alors que la religion n'est pas l'un de mes sujets de prédilection, j'ai vraiment eu plaisir à lire ce livre. J'ai retrouvé avec bonheur le style tantôt poétique tantôt humoristique de Schmitt et j'ai aimé la construction de ce récit qui propose deux points de vue différents mais tout deux inouïs de la vie, la mort, la résurrection du Christ. J'ai surtout été touchée dans la première partie par cet homme qui attend la sentence de ceux qui ne le comprennent pas. Paradoxalement, les deux narrateurs, Yéchoua et Pilate, se ressemblent malgré leurs divergences car tous deux sont plongés en plein doute, au point que leur manière de penser, d'être, d'envisager la vie et les autres s'en trouve peu à peu modifiée.
Enfin, loin d'être didactique, ce livre est d'abord iconoclaste : aborder un tel sujet est en soi bien audacieux, mais le faire avec dérision voire provocation tout en faisant la part belle à l'émotion était une gageure que l'auteur a relevée haut la main.
9 commentaires:
J'ai lu ce livre il y a quelques années, je sais qu'il m'avait plu, mais je ne m'en souviens plus très bien...il faudrait que je le relise un de ces jours.
"L'Evangile..." fut ma première rencontre avec EE Schmitt. Et un vrai coup de coeur pour cet auteur, qui est l'un de mes préférés, avec Phillippe Besson et Tonino Benacquista. Si tu ne le connais pas encore, je te recommande "La Part de l'autre", du même auteur, que j'ai beaucoup aimé également.
@ Dolly : c'est en effet le genre de livres que je relirai volontiers.
@ Christine : merci pour ton conseil de lecture, je n'ai pas lu ce livre-là.
je l'avais beaucoup aimé. c'est un auteur que je prends vraiment plaisir à lire !
Alors maintenant il vous faut lire absolument "La part de l'autre"...encore plus étonnant et audacieux. Mais je n'en dis pas plus.
@ Stephie : tout comme toi !
@ Mystérieux anonyme : merci pour ce conseil, c'est noté !
J'ai aussi beaucoup aimé ce roman de Schmitt ( détesté par une de mes amies religieuse, mais qui nous a permis un bel échange comme je les aime, genre échange profond que l'on a pas toujours...)
En revanche, à l'inverse de christine, j'ai détesté La part de l'autre qui m'a profondément ennuyée... mais Schmitt reste un auteur que j'aime bien!
@ Couette : voilà qui m'intéresse !! Du coup, j'ai encore plus hâte de lire la Part de l'autre pour me faire ma propre idée.
Beaucoup aimé ce livre également...
La religion n'est pas un sujet de lecture récurrent ici non plus, mais traitée ainsi, ça change tout !
Je recommande fortement "Le messie récalcitrant" de Richard Bach ( l'auteur de "Jonathan Luvingston le goéland") ; c'est un petit livre qui se lit fort vite, mais qui reste en tête, et qu'on aura envie de rouvrir.
Il semble épuisé actuellement, du moins dans son économique version "librio"... j'ai hâte de pouvoir le trouver à nouveau, c'est un livre que j'adore offrir...
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