"En lisant une nouvelle où il était question d'un certain journaliste - le titre était : Le Locataire forcé - je reconnus soudain le divan déchiré avec son ressort qui pointait, le buvard sur la table ... Autrement dit, le personnage de cette histoire, c'était moi. Mêmes pantalons, même tête enfoncée dans les épaules, même regard farouche ... moi, en un mot !"
La vie est pleine de hasards ... Alors que je venais de lire Le Roman de Monsieur Molière grâce au défi "Quand les livres ont des elles" (billet ici), une amie m'a offert un autre livre de Boulgakov que je viens de dévorer.
Derrière cette très belle couverture se cache un récit qui joue avec les codes et avec le sens (j'allais écrire le "bon sens" du lecteur). Le Roman Théâtral n'est pas exactement un roman sur le théâtre : c'est plutôt le roman d'une vie bien réelle de romancier qui ne se rêve pas dramaturge, ou encore la mise en scène théâtrale d'une existence romanesque. On peut tourner cela comme on veut ou presque tant Boulgakov joue avec les faux semblants et l'illusion, avec les genres littéraires également.
Un jeune journaliste assez pathétique, Maksoudov, essaie de percer les mystères du monde littéraire dans lequel il cherche sa place. Alors qu'il pense que personne n'a lu son unique roman, un homme le contacte pour l'adapter au théâtre, ce qui l'oblige à sortir de sa torpeur pour se remettre au travail. Très vite, le metteur en scène le harcèle pour opérer des modifications absurdes dans son texte. Maksoudov a beau refuser, il constate à ses dépends que son œuvre n'est plus celle qu'il a composée, que le metteur en scène se l'est appropriée au point de la lui voler ...
Ce roman (autobiographique), jamais publié du vivant de Boulgakov , est inachevé mais il est néanmoins un témoignage passionnant sur la création littéraire et la censure sous le régime soviétique (ce qui fut jadis l'un des axes de feu ma thèse !). Pour autant, le livre est loin d'être d'un pesant sérieux : c'est du Boulgakov ! Drôle, déjanté, parfois complexe voire confus, toujours plein d'auto-dérision ... J'ai parfois (souvent, au début) eu du mal à suivre le fil de la pensée du narrateur (mais ne s'égare-t-il pas lui-même ?), mais je me suis amusée autant que j'ai trouvé matière à réfléchir.
4 commentaires:
J'adore cet auteur et je ne connaissais pas ce titre! Je vais essayer de mettre la main dessus alors!!!
J'ai hâte de découvrir cet auteur! Grâce aux Livres ont des ailes, je devrais le rencontrer bientôt ;-)
je n'ai toujours pas fini de lire La Maître et Marguerite, il faudrait que je réessaie un de ces jours.
@ Rafafa : veux-tu que je te le prête ?
@ Dan : bientôt, bientôt :-))
@ Dolly : j'ai lu Le Maître et Marguerite quand j'étais étudiante, il y a longtemps !!! J'avais bien aimé mais je me souviens de l'avoir aussi trouvé long.
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