dimanche 4 juillet 2010

La Trahison de Thomas Spencer de Philippe BESSON



"On  est persuadé qu'on ne trahira jamais. On serait prêt à en faire le serment.On a cette certitude que rien ne peut venir ébranler. (...) j'ai découvert que je pouvais me tromper. Renoncer à mes principes, abdiquer mes certitudes, m'arranger avec ma mauvaise conscience. J'ai trahi. 
Paul, ô Paul, je t'ai trahi.
Et certains soirs, où la tristesse est plus violente qu'à l'accoutumée, où elle vient cogner contre les parois de ma carcasse, où elle coupe ma respiration, le souvenir de cette trahison me donne envie d'ouvrir les fenêtres et de sauter dans le vide.
Mais je suis en vie. On est donc parfaitement capable de vivre avec la conscience de sa bassesse, avec le dégoût de soi.
Je suis en vie. J'écris."

  Je ne pensais pas lire un nouveau Besson de si tôt mais quand ce livre m'a tendu les bras, je n'ai pas su résister !

Thomas et Paul ne sont pas frères mais ils sont nés le même jour, ont partagé leur enfance sur les rives du Mississippi dans les années 50 et cela a scellé leurs destinées. Inséparables, exclusifs, ils mènent une vie plutôt douce et insouciante malgré les troubles que traverse leur pays. L'entrée dans l'âge adulte marque un tournant car, même si le lien entre eux reste indéfectible, il n'est plus unique ... 

Même si je n'ai pas été émue à la lecture comme j'ai pu l'être à celle d'autres romans du même auteur comme Un  Garçon d'Italie, même si j'ai eu un peu de mal à entrer dans l'histoire, j'ai encore beaucoup aimé ce livre.
Le récit, porté à la première personne par Thomas, mène lentement, presque tranquillement, à l'inéluctable, à la tragédie qu'annonce le titre : la trahison. Comme à chaque fois, Philippe Besson a construit son roman de manière particulière : dans La Trahison de Thomas Spencer, le récit rétrospectif d'une vie mène à un drame que rien, pourtant, n'annonce.Les personnages n'ont rien de héros, la trahison elle-même peut-être jugée banale, mais c'est cela, précisément, qui fait tout le poids de ce livre : raconter la banale monstruosité de ceux qui nous ressemblent comme deux gouttes d'eau, de ceux que nous pouvons / pourrions être.
J'ai aussi aimé le portrait de l'Amérique des années 50 puis, surtout 60, qui se dessine en filigrane derrière les parcours de Thomas et Paul dont les réactions témoignent d'ailleurs de la division des américains durant ces deux décennies, que ce soit au sujet de la ségrégation raciale, de la vision du communisme ou de l'implication dans la guerre du Vietnam.
La Trahison de Thomas Spencer est de ces livres qu'on ne peut pas oublier. 

D'autres romans de Philippe BESSON sur ce blog :
En l'absence des hommes
Son frère
Un garçon d'Italie

8 commentaires:

Unknown a dit…

J'aime bien l'extrait que tu mentionnes !
Je n'ai jamais lu Besson mais ton billet me convainc d'essayer

Mangolila a dit…

J'ai bien aimé "Son frère". Je lirais volontiers celui-ci!

Alwenn a dit…

Je n'ai jamais lu cet auteur, mais "Un garçon d'Italie" est sur ma LAL depuis déjà fort longtemps...

Dolly a dit…

je n'ai jamais lu cet auteur non plus. son nom est noté dans mon carnet pour ma prochaine visite en médiathèque.

ELOAH a dit…

@ Kikine : merci ! Moi aussi j'aime beaucoup cet extrait car on s'y identifie facilement ...

@ Mango : Moi aussi j'avais aimé "Son frère" ! Celui-ci est très différent, même si on y retrouve les mêmes thèmes.

@ Alwenn : "Un Garçon d'Italie" est ma dernière forte émotion littéraire ... !

ELOAH a dit…

@ Dolly : oui, je te le recommande !

Ys a dit…

Ma première expérience avec cet auteur s'est plutôt mal déroulée, pas envie de recommencer...

ELOAH a dit…

@ Ys : qu'as-tu lu ? C'est vrai qu'une première lecture est souvent déterminante surtout quand le sentiment est négatif ...