"Mon ami Saez n'aura passé qu'une petite heure de son existence en compagnie de son beau-père, le temps d'aller le cueillir à l'aéroport et de le ramener à l'appartement du vingt-sixième étage qu'il habite avec sa femme Marie. A peine fut-il entré dans l'appartement que le beau-père de Saez, qui jusqu'alors n'était jamais sorti des montagnes du Caucase arménien, marcha droit à la baie vitrée, se pencha pour, peut-on supposer, contempler le panorama, et aussitôt se volatilisa."
Voici un livre découvert grâce à la marraine de la Marmitonne il y a près de deux ans déjà ! Séduite par la couverture et intriguée par le titre, je l'avais feuilleté et j'avais lu l'un des récits qu'il contient, "La Femme de Georges", sans avoir le temps de lire les autres. Cette nouvelle n'a alors cessé de trotter dans ma tête et j'avais tant envie non seulement de la relire mais aussi de découvrir les 5 autres du recueil que j'ai demandé à mon amie de me le prêter.
Les Jardiniers regroupe donc 6 nouvelles de Véronique Bizot. L'écriture s'y déploie dans de longues phrases et des pages denses, parfois sans alinéa, si bien que l'on est tenté de lire chaque récit d'une traite, presque dans une seule inspiration et ce n'est sans doute pas fortuit. En effet, ces nouvelles ne ressemblent à aucune autre que j'ai pu lire : étrange mélange entre drames et situations incongrues, pathétiques solitaires qui se révèlent involontairement drôles, angoisses qui finissent par donner envie de sourire ... l'univers de Véronique Bizot égare. Chaque récit se place un cheveu à côté de la banalité, et c'est dans ce minime écart par rapport au quotidien que se construisent les intrigues. Le narrateur souvent omniscient rend complice le lecteur des petits riens que cachent les personnages et qui les rendent parfois pitoyables, parfois gentiment fous, parfois carrément meurtriers.
J'ai surtout été touchée par "La Tour" dont j'ai mis l'incipit en exergue car cette nouvelle qui commence par un événement absurde devient dramatique en peu de pages, mais mon coup de cœur reste "La Femme de Georges" dont l'intrigue se révèle plus machiavélique à chaque phrase ou presque et dont l'écriture est, à mon sens, si cinématographique que l'on visualise parfaitement les scènes.
L'air de rien, Véronique Bizot joue avec nos émotions et se joue de notre étonnement quand la chute reste suggestive et qu'elle nous laisse le soin d'assumer ce que l'on croit avoir compris, même (surtout ?) lorsque cela fait basculer l'histoire dans le tragique.
Une fois n'est pas coutume, j'ai choisi de citer un extrait de la 4è de couverture en guise de conclusion, tant cela résume bien cette oeuvre :
J'ai surtout été touchée par "La Tour" dont j'ai mis l'incipit en exergue car cette nouvelle qui commence par un événement absurde devient dramatique en peu de pages, mais mon coup de cœur reste "La Femme de Georges" dont l'intrigue se révèle plus machiavélique à chaque phrase ou presque et dont l'écriture est, à mon sens, si cinématographique que l'on visualise parfaitement les scènes.
L'air de rien, Véronique Bizot joue avec nos émotions et se joue de notre étonnement quand la chute reste suggestive et qu'elle nous laisse le soin d'assumer ce que l'on croit avoir compris, même (surtout ?) lorsque cela fait basculer l'histoire dans le tragique.
Une fois n'est pas coutume, j'ai choisi de citer un extrait de la 4è de couverture en guise de conclusion, tant cela résume bien cette oeuvre :
"Six nouvelles (...) impitoyablement logiques, sur le fil de la dinguerie"
1 commentaire:
Ca m'a l'air très bien...
Et la couverture est très très belle!
Enregistrer un commentaire