"Marie et moi, sans nous consulter, nous sommes vite devenues la mère et la fille l'une de l'autre, ce genre d'adoption spontanée des périodes d'urgence, comme s'il ne nous restait plus beaucoup de temps pour trouver ce qui nous manque, l'une et l'autre. Quelqu'un à qui dire ses secrets et de qui en apprendre. Marie était malade d'avoir gardé les siens tant d'années. Elle était desséchée et rétrécie autour d'eux, comme un vieux sac de peau ridée, sans même savoir de quoi elle l'avait rempli, toute maigre de conserve aigre, effarée d'être déjà si vieille fille (...)"
C'est le hasard qui m'a menée vers ce livre. J'ai découvert Anne-Marie Garat grâce à Leil qui m'a donné très envie de lire Hongrie dont elle avait si bien parlé mais n'ayant pas trouvé ce titre dans ma petite bibliothèque municipale, je me suis laissée tenter, sans trop savoir pourquoi, par ce livre-ci, du même auteur.
Dans Les Mal Famées, Anne-Marie Garat raconte l'histoire de Marie et Lise, deux femmes qu'une génération sépare et qui, lasses d'être au service des autres, décident de prendre un peu d'indépendance en s'installant ensemble dans une petite maison au coin d'une rue d'un quartier abandonné. C'est la guerre, c'est aussi l'hiver et les deux femmes n'ont comme horizon que l'amour qui les lie. Marie qui n'a jamais porté d'enfant adopte Lise qui n'a pas véritablement eu de mère. Tacitement, une solidiarité à toute épreuve s'intaure et celles-ci seront, justement, nombreuses.
Ce récit m'a troublée car les événements sont d'une violence sourde et les thèmes abordés sont très sombres (la guerre, la solitude, la mort, la misère). Pour autant, l'écriture est si douce, si délicate, presque si musicale, que l'atmosphère du récit en est toute paisible. Ce n'est qu'à la fin que le récit se fait abrupt.
L'histoire de ces deux femmes est narrée avec lenteur et même s'il m'est arrivé de me sentir perdue par ce style tout en images et en retenue, j'ai aimé me laisser bercer par la mélodie des mots.
J'ai également aimé quand le récit s'apparentait au journal intime de Lise qui, de temps à autre, confiait des sentiments et des pensées qu'elle ne dévoilait pas à son amie Marie, voire qu'elle s'appliquait à lui cacher, créant ainsi une savoureuse complicité avec le lecteur mais, surtout, permettant de plonger au cœur d'une âme alors que la vie en société impose de souvent porter un masque.
Un beau roman !
6 commentaires:
A mon tour de noter ce roman de Garat que je ne connais pas ! :D
Même si l'histoire est dure, elle semble bien se lire grâce au style de l'auteur ...
(Je te remercie pour le lien. ;) )
Je ne sais pas si je pourrais lire ce roman. La dureté des thèmes et la violence sourde dont tu parles ne me fait pas très envie à vrai dire. Cela dit, si le traitement qui est fait de ces thèmes passe grâce au style de l'auteur, pourquoi pas... hmmm... j'hésite... Je verrai si je le croise sur ma route ! ;)
Quel joli blog ! Je le mets de côté pour l'explorer plus tard.
Leiloona : oui, je te le recommande ! C'est vrai que Garat a un style particulier auquel on s'attache facilement.
@ Alwenn : je te comprends d'autant mieux que moi-même j'ai été surprise par la tournure que prenait ce récit (au point que j'ai relu les 1ères pages, pensant les avoir mal interprétées)mais pour autant je suis plutôt heureuse de cette jolie lecture.
@ Kegénie : bienvenue ici ! j'espère que tu t'y plairas !
Un nouveau titre qui me donne envie de découvrir l'auteur. Merci ;)
@ Stephie : à moi aussi ce livre me donne envie d'en lire d'autres de cet auteur !
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