jeudi 28 mai 2009

Son Frère de Philippe BESSON

"Au fond, je n'écris que pour retrouver la belle sensation du soleil luisant entre les omoplates d'un garçon étendu, ventre et visage contre le sable, dans août qui s'en va."

9782266122948FSThomas a 26 ans lorsqu'il développe une grave maladie. Dès l'annonce des mauvais résultats de ses analyses sanguines, il pressent qu'il est condamné. Son frère, Lucas, va l'accompagner comme son ombre et consigner ces mois de déchéance dans un journal. Son frère est le récit d'un amour fraternel puissant, rare, inconditionnel : quand les parents réagissent de manière maladroite, quand la compagne renonce, quand le personnel médical s'obstine, le frère, lui, reste là, silencieux mais présent, juste présent. Le titre du récit résume d'ailleurs bien cela : Lucas est "son frère", le frère du malade, le frère du mourant, et même si c'est lui qui prend la plume et fait donc son récit du destin de Thomas, il s'efface complètement, il s'oublie totalement pour n'être plus que "là" auprès de lui.
Le journal de Lucas est livré au lecteur dans un ordre bousculé, tout comme le sont les pensées du personnage qui errent entre horreur et impuissance face à l'événement présent, souvenirs d'enfance, incapacité à se projeter dans l'avenir.

Au début de ma lecture, j'ai été gênée par la froideur du style puis, peu à peu, j'ai compris qu'il ne pouvait en être autrement. Que dire face à l'horreur d'une vie qui peu à peu quitte un corps et une âme en les dévastant au passage ? L'émotion monte au fil des pages et l'auteur réussit à nous faire partager celle que son personnage ne décrit pas précisément et rien que pour cela, ce livre est très réussi.

La vision du personnel médical est très sombre, voire acerbe, et cela m'a d'abord déplu mais je crois que la souffrance a besoin d'un bouc émissaire pour s'exprimer et que lorsqu'on mène un tel combat inégal, perdu d'avance, le monde extérieur devient intolérable, on acquiert le droit d'être parfois injuste.

Il y a peu, j'avais déjà aimé En l'absence des hommes besson et Son Frère m'a confirmé que j'aime les récits de Philippe Besson. On y trouve d'ailleurs des thématiques récurrentes : la douleur, le corps, la perte, l'homosexualité, ainsi que cette écriture à la fois troublante et pleine de retenue.


Un récit très émouvant.

6 commentaires:

Stephie a dit…

Chouette, je vais lire "En l'absence des hommes" dans les jours qui viennent.

Leiloona a dit…

Rien que de lire ton billet, je suis émue ... alors je ne pense pas pouvoir lire ce livre. (Mon histoire personnelle m'en empêcherait.)

Stéphanie a dit…

J'aime bcp le style de cet auteur, je ne connaissais pas ce titre, ton commentaire me donne très très envie de le lire. Bon, je le rajoute à ma liste des livres d'été!...
Sinon, je pense à ton tag, mais je ne sais pas où le publier : mon blog ne s'y prête pas... Je vais finir par être obligée d'en ouvrir un autre vraiment perso pour y mettre en ligne les lignes que j'écris de toutes façons chaque jour, ou presque...

Gio a dit…

Ce livre a l'air très prenant en effet... A lire quand on a la pêche soit même ! Je le note...

Stephie a dit…

Voilà, j'ai lu "En l'absence des hommes" et j'ai maintenant très envie d'en lire d'autres. "Les jours fragiles" est sur ma PAL.

ELOAH a dit…

@ Stephie : je suis ravie que ce livre t'aie plus ! Je découvre cet auteur depuis peu mais je m'y attache.

@ Leil : je te comprends car moi aussi j'évite certains types de livres et il est vrai que celui-ci est assez dur.

@ Stephanie : merci pour le tag sur l'autre note ! C'est gentil d'avoir joué le jeu !

@ Gio : oui, il faut bien choisir son moment car c'est un livre qui saisit vraiment le lecteur et ne le lâche que plusieurs jours après la fin de la lecture ...