Moka du blog Au Milieu des livres nous a proposé un sacré défi : relire dans l'ordre tous les volumes des Rougon-Macquart, à raison d'un livre par mois, ce qui devrait nous conduire jusqu'en août 2012 ! Pfiou, vaste programme mais c'est justement parce qu'on a une relation comme ça, Emile Zola et moi, que je n'ai pas su résister : découvert au lycée, je n'ai plus vraiment cessé de lire cet auteur et c'est même un cours sur la stylistique chez Zola qui m'a décidée à poursuivre mes études de Lettres jusqu'au doctorat, même si, finalement, mon doctorat a porté sur tout autre chose. Bref, Zola est l'un des écrivains qui m'a fait aimer la littérature au point d'avoir envie (besoin ?) de l'étudier puis de l'enseigner puis, aujourd'hui dans mon nouveau métier, d'en transmettre le goût.
La Fortune des Rougon est le premier volume de la grande série des Rougon-Macquart mais il n'est, souvent, pas celui qu'on lit en premier. Il est pourtant essentiel pour bien saisir l'essence de l'œuvre puisqu'il marque la naissance de la dichotomie entre les deux branches de la famille, issues de la même mère, Adélaïde Fouque, mais les uns du mari jardinier, Rougon, les autres de l'amant contrebandier, Macquart. Légitime / illégitime, respectable ou non ... tout est dit. La généalogie va être le nœud de tous les volumes de la série, créant tout un jeu de ressemblances mais aussi de rejet entre les personnages. Il n'y a qu'en lisant La Fortune des Rougon que l'on peut vraiment comprendre les tenants et les aboutissants de ces relations passionnelles. Ce livre pose également le rapport intrinsèque entre la grande Histoire (ici le coup d'Etat qui mène au Second Empire) et l'histoire des individus qui en tirent ou non profit.
Au-delà de ces raisons qui rendent la lecture de ce premier volume indispensable si on veut bien saisir l'ensemble, ce que j'aime, moi, dans ce roman est ailleurs.
J'aime le talent de portraitiste de Zola qui parvient à faire littéralement surgir des visages mais aussi des âmes sous les yeux du lecteur. En relisant ce volume d'ailleurs, j'ai perçu une ironie, voire un humour, que je n'avais pas ressenti lors de ma première lecture, sans doute parce que j'étais trop jeune à l'époque. La peinture des pensées les plus enfouies est tout simplement délicieuse.
J'aime aussi cet appétit qu'ont les personnages : appétit de pouvoir pour Pierre Rougon, appétit de possession pour son épouse Félicité, appétit d'avoir sans rien faire pour Antoine Macquart, appétits pour lesquels les personnages sont prêts à tout sacrifier. Le titre suggère l'issue de ce volume, à savoir la victoire de Rougon, mais l'intérêt porte plus sur les petits arrangements avec l'Histoire, avec les convictions, sur les manigances qui conduisent à cette issue que sur l'issue elle-même.
J'aime enfin la poésie de Zola dont le style est très imagé : l'amour entre Silvère et Miette est d'une beauté tragique, très émouvant et cette innocente douceur rend encore plus ignoble la cupidité des autres personnages car c'est bien elle, en un sens, qui causera la perte des deux jeunes amoureux.
Voilà un billet un peu brouillon mais qui témoigne, je crois, de tout ce que j'ai éprouvé à la relecture de ce roman !
J'aime le talent de portraitiste de Zola qui parvient à faire littéralement surgir des visages mais aussi des âmes sous les yeux du lecteur. En relisant ce volume d'ailleurs, j'ai perçu une ironie, voire un humour, que je n'avais pas ressenti lors de ma première lecture, sans doute parce que j'étais trop jeune à l'époque. La peinture des pensées les plus enfouies est tout simplement délicieuse.
J'aime aussi cet appétit qu'ont les personnages : appétit de pouvoir pour Pierre Rougon, appétit de possession pour son épouse Félicité, appétit d'avoir sans rien faire pour Antoine Macquart, appétits pour lesquels les personnages sont prêts à tout sacrifier. Le titre suggère l'issue de ce volume, à savoir la victoire de Rougon, mais l'intérêt porte plus sur les petits arrangements avec l'Histoire, avec les convictions, sur les manigances qui conduisent à cette issue que sur l'issue elle-même.
J'aime enfin la poésie de Zola dont le style est très imagé : l'amour entre Silvère et Miette est d'une beauté tragique, très émouvant et cette innocente douceur rend encore plus ignoble la cupidité des autres personnages car c'est bien elle, en un sens, qui causera la perte des deux jeunes amoureux.
Voilà un billet un peu brouillon mais qui témoigne, je crois, de tout ce que j'ai éprouvé à la relecture de ce roman !
7 commentaires:
Je me suis régalée à lire ton billet, très riche et passionnant ; moi qui aime beaucoup Zola, tu m'as donné envie de relire un de ces romans (et pourquoi pas celui-ci ?).
Comme toi je suis une inconditionnelle de Zola, dont j'ai lu l'œuvre en entier, mais dans le désordre.Ce premier volume est en effet délicieux, même s'il n'est pas le plus connu... Un très beau billet, merci!
@ Dolly : ah, tu me fais plaisir car cette relecture a été un grand bonheur pour moi alors si je peux le communiquer, j'en suis ravie !
@ Dan : moi non plus je n'ai jamais lu Les Rougon-Macquart dans l'ordre, c'est une première !
J'avoue que je n'ai pas lu "tous" les Rougon-Macquart. J'ai lu d'ailleurs ce premier tome il y a peu (je dirai deux ou trois ans tout au plus) et j'ai adoré. Et cela a vraiment éclairé les lectures que j'avais pu faire précédemment.
En route vers _La Curée_ maintenant, c'est cela ?
Bises de Capp
J'ai tout lu dans l'ordre il y a 5 ou 6 ans. J'ai adoré. Mais j'avais noté qu'il existe un volume supplémentaire ou complémentaire d'ailleurs, qui est une sorte de dictionnaire des personnages. Je ne l'ai jamais trouvé. Par contre j'ai fait l'arbre généalogique au fur et à mesure des lectures, il a fallu que je colle 4 feuilles A4 pour avoir une vision à peu près correcte. C'est énorme mais on comprend mieux les relations des personnages entre eux quand on change de livre.
ah Zola, un régal à chaque lecture. Ca me donne envie d'en relire et de découvrir ceux que je n'ai pas lus comme celui par exemple. Merci
Tu as raison et je ne cesse de le clamer à qui veut l'entendre : tout est posé dans ce premier volume.
Enregistrer un commentaire