"Ce langage-là, elle l'entend. Pire elle l'aime. Elle me le dit, d'ailleurs presque avec du désir dans ses larmes: "J'aime te voir en colère." Je réalise que je viens de perdre tant d'années de ma vie à chercher à donner et recevoir de la douceur et de la bonne humeur à une femme qui me trouvait trop doux, pas assez mec à son goût. C'est un paradoxe, car je comprends aussi que, si elle a été aussi loin dans la persécution, c'est parce que, réellement, elle pensait que je ne la quitterais jamais."
Voici un roman ouvert deux fois cette année, et par deux fois reposé à peine la vingtième ou la trentième page franchie ... L'été, les vacances, constituaient donc le moment idéal pour donner une dernière chance à J'étais derrière toi de Nicolas Fargues et, en effet, cette fois je suis allée jusqu'au bout de ma lecture, non sans mal cependant.
Ce roman est une conversation, qui tient toutefois plus du monologue que du dialogue, d'un homme, tyrannisé par sa femme, désireux de la quitter mais peinant à s'y résoudre et par ailleurs tombant amoureux d'une autre femme.
Voilà une intrigue très classique pour un récit qui se veut, lui, original, inédit, différent. Le narrateur se rend peu à peu compte qu'il est somme toute comme tout le monde et cette révélation le rassure en même temps qu'elle le dérange : il se sent alors tiraillé par cette ambivalence, au point qu'une bonne partie de son discours cristallise autour de cette question.
Certes, le cheminement qui mène cet homme qui se veut hors du commun à accepter qu'il ne peut être que tristement banal est intéressant mais pour que le lecteur atteigne cette ambiguïté, il lui faut composer avec l'arrogance permanente du narrateur, avec encore sa nature monomaniaque qui fait tourner son discours en rond, avec enfin son besoin d'être entendu, compris, reconnu qui se manifeste par des questions à son interlocuteur, questions qui finalement restent rhétoriques. Son discours est également ponctué de clichés et c'est sans doute cela qui a eu raison de ma curiosité de lectrice ! La fin, malheureusement convenue, n'a pas compensé l'ennui, pire l'agacement, que j'ai pu éprouver à la lecture de certaines pages. Dommage !
Je suis surtout contente d'avoir enfin terminé cette lecture car à présent je vais m'autoriser à aller lire d'autres avis sur ce roman, en espérant en trouver de plus heureux que le mien qui me donneront, peut-être, des clés pour mieux apprécier la prose de Nicolas Fargues
Traitement particulier d'une intrigue classique
5 commentaires:
Eh bien, moi qui n'avais déjà pas envie de le lire (il est dans ma PAL depuis........ pfiuu je ne sais même plus ! :P), je crois que je vais me détourner complètement de lui.
@ Leil : tu aurais peut-être un ressenti complètement différent du mien ! On ne sait jamais !
Je l'ai lu il y a un petit moment (l'article doit être sur mon ancien blog) et j'avais dé-tes-té ! Le personnage principal m'avait hérissé, je n'aimais pas du tout on attitude veule et misérabiliste. Et puis certaines scènes de violences avec sa femme m'ont mise trèès mal à l'aise. Bref, j'avais vraiment détesté ce livre... Et c'est rare que j'ai une telle réaction épidermique à un livre !
@ Alwenn : oh oui, moi aussi j'ai eu beaucoup de mal avec les scènes de violences conjugales ... :-(
Sur les autres livres de Nicolas Fargues, quand on les aperçoit en librairie, on lit "Par l'auteur de "J'étais derrière toi"".
Ça doit donc être son oeuvre la plus célèbre.
:/
Et si elle ne vaut pas le coup, alors...
Bref, ça ne me donne pas envie.
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