"Anna était tout aussi attirée par son reflet qu'elle le craignait. (...) Elle [en avait] gardé sa saveur et sa fragrance, qui lui faisaient comme une image fantôme d'elle qu'elle emportait partout où elle allait, comme un amputé emporterait avec lui le membre qu'il n'aurait plus. Il lui arrivait d'ailleurs de désirer ardemment que son image fantôme soit plus qu'un spectre : qu'elle existât vraiment."
C'est grâce à Leiloona que j'ai eu le bonheur de lire ce court récit d'un auteur que je ne connaissais pas mais dont je retiendrai à présent le nom. Merci Leil !
Anna est une femme indépendante et au fort caractère. Elle se consacre presque tout entière à Noël, ministre aux dents longues dont elle est le bras droit et secrètement amoureuse. Sa vie semble toute tracée mais va basculer lors d'une exposition sur des miroirs à laquelle elle n'avait d'abord pas très envie d'aller, mise en garde qu'elle avait été, toute petite, par sa grand-mère contre ces "vrais culs du diable". Anna est irrépressiblement attirée par un étrange miroir de Murano incrusté dans un petit meuble vénitien du XVIIIè siècle qu'elle achète et installe dans sa chambre. A force de se regarder dans ce miroir, elle finit par en percer le mystère et dès lors elle n'aura de cesse de s'inquiéter de son image, de celle qu'elle perçoit d'elle-même, de celle que les autres ont d'elle, de celle qu'elle veut donner, jusqu'à décider brutalement de mettre un terme à ces préoccupations.
Le vrai cul du diable est un drôle de récit auquel on ne peut rester insensible. Il commence de manière burlesque par une scène d'anthologie, s'attache ensuite à un questionnement philosophique sur l'être, le paraître, sur le rapport aux autres, sur la liberté d'être soi, pour finir de manière tragique mais pleine de retenue. La réflexion menée par Anna sur la dialectique entre apparence et vérité m'a touchée et renvoyée à mes propres questionnements.
En outre, la langue est aussi légère que ciselée, ce qui est d'autant plus remarquable que la quatrième de couverture nous apprend que Percy Kemp écrit en français alors qu'il est né à Beyrouth d'un père britannique et d'une mère libanaise. On prend alors conscience de la saveur que les mots, voire les sons, doivent avoir pour cet écrivain et qui cueille le lecteur au détour d'un mot qui se trouve là où on ne l'attendait pas.
Le vrai cul du diable est un drôle de récit auquel on ne peut rester insensible. Il commence de manière burlesque par une scène d'anthologie, s'attache ensuite à un questionnement philosophique sur l'être, le paraître, sur le rapport aux autres, sur la liberté d'être soi, pour finir de manière tragique mais pleine de retenue. La réflexion menée par Anna sur la dialectique entre apparence et vérité m'a touchée et renvoyée à mes propres questionnements.
En outre, la langue est aussi légère que ciselée, ce qui est d'autant plus remarquable que la quatrième de couverture nous apprend que Percy Kemp écrit en français alors qu'il est né à Beyrouth d'un père britannique et d'une mère libanaise. On prend alors conscience de la saveur que les mots, voire les sons, doivent avoir pour cet écrivain et qui cueille le lecteur au détour d'un mot qui se trouve là où on ne l'attendait pas.
Un roman philosophique en équilibre entre drôlerie et drame.
4 commentaires:
Un très beau roman que tu commentes à merveille. Bises
Je suis contente qu'il t'ait plu ! :D Une fois la scène d'anthologie qui déroute passée, c'est un joli roman à l'écriture ciselée. :))
@ Stephie et Leil : vous avez raison, c'est un beau roman, je suis bien contente de l'avoir découvert grâce à vous.
Stephie m'en a déjà un peu parlé... Décidément, c'est un roman qui plait !!
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