"Et tremble d'un rien.
Avoir peur de rien, sans raison. Et devoir vivre avec ce rien jusqu'à l'aube.
Je tendis l'oreille. Etait-ce le brouillard qui grattait à ma porte ? Etait-ce la brume qui tripatouillait ma serrure ? Et était-ce l'insolite orage miniature qui rôdait sur mon paillasson, laissant des algues derrière lui ?"
Avoir peur de rien, sans raison. Et devoir vivre avec ce rien jusqu'à l'aube.
Je tendis l'oreille. Etait-ce le brouillard qui grattait à ma porte ? Etait-ce la brume qui tripatouillait ma serrure ? Et était-ce l'insolite orage miniature qui rôdait sur mon paillasson, laissant des algues derrière lui ?"
Ma première escale du challenge Lire autour du monde (clic !) ne fut pas de tout repos mais je suis finalement bien contente d'avoir choisi cette destination et de vous envoyer cette carte postale de Venice, quartier de Los Angeles en Californie (cliquez pour agrandir la carte) :
Séduite par ce joli titre, La Solitude est un cercueil de verre, j'ai pris mon billet pour Venice, Californie, il y a si longtemps que je ne suis plus sûre de me souvenir dans quelle ville j'ai acheté ce livre ni en quelle année ! Je l'avais commencé immédiatement mais il m'était vite tombé des mains et le profond sommeil dans lequel il a sombré sur mon étagère n'a plus été entrecoupé que par quelques déménagements.
Lorsque je me suis inscrite au challenge Lire autour du monde, j'ai fouillé parmi mes livres non lus et j' ai exhumé celui-ci, un peu par hasard.
A nouveau, ce roman m'a résisté : il m'a fallu près de 200 pages d'errance pour finir par comprendre et accepter que si je me perdais tant dans ce livre tout en étant néanmoins attirée par la lecture de la suite, c'est que le narrateur-personnage était lui-même perdu dans son récit, mélangeant sans prévenir réalité, pensées, rêves, cauchemars et même souvenirs. Je me suis alors davantage laissée porter et je suis finalement plutôt heureuse d'être parvenue à bon port même s'il j'y ai mis du temps !
Le narrateur, auteur de nouvelles policières, fait une étrange rencontre dans le gros tramway rouge de Venice, un soir de pluie battante. Quelques instants plus tard, il découvre un vieil homme enfermé dans une cage à lion au fond du canal. Le narrateur est alors persuadé que le criminel est cet homme rencontré dans le tramway et qu'il n'a pas osé dévisager : il n'aura dès lors de cesse de poursuivre cette intuition et de courir après ce fantôme. Il fait la rencontre de l'inspecteur Elmo Crumley et, au fil des morts étranges de ceux qu'ils côtoient, au fil des événements inquiétants, ces deux-là vont se lier au point d'échanger inconsciemment leurs rôles : l'écrivain va se faire enquêteur tandis que le policier va se (re)mettre à l'écriture.
Il est délicat d'en raconter davantage sans déflorer l'intrigue policière. Mais ce livre n'est pas que cela. C'est un véritable roman noir avec son humour particulier, parfois son ironie tragique ; avec sa ville, surtout parcourue de nuit, véritable personnage principal ; avec sa galerie de personnages tout droit sortis d'une cour des miracles : outre l'écrivain neurasthénique et l'inspecteur passionné de plantes tropicales au point qu'il faut se munir d'une machette pour accéder à son bungalow, on croise une chanteuse lyrique si grosse qu'elle dort assise, ne pouvant se relever si elle se met sur le dos, un aveugle sans canne blanche à l'odorat et à l'ouïe sans faille, un coiffeur maudit, un psychiatre astrologue, une actrice de films muets qui endosse plusieurs rôles dans sa propre maison et bien d'autres personnages repoussants et fascinants.
La Solitude est un cercueil de verre est un roman aussi ardu que délectable : on s'y noie mais on en redemande ! Que Bradbury soit d'abord un auteur de science-fiction n'est pas étranger à cela : la narration emprunte bien souvent des voies qui sortent du réalisme classique des romans noirs pour se frayer un chemin dans un monde parallèle. Non pas celui d'une autre planète ici, mais celui d'un monde intérieur régi par ses propres codes, mu par ses propres habitudes, et finalement aussi étranger que familier. Dans le même temps, le mystère est oppressant et le lecteur n'a qu'une hâte : le percer pour respirer enfin un air plus léger et sortir enfin du brouillard qui pèse la nuit sur Venice.
Séduite par ce joli titre, La Solitude est un cercueil de verre, j'ai pris mon billet pour Venice, Californie, il y a si longtemps que je ne suis plus sûre de me souvenir dans quelle ville j'ai acheté ce livre ni en quelle année ! Je l'avais commencé immédiatement mais il m'était vite tombé des mains et le profond sommeil dans lequel il a sombré sur mon étagère n'a plus été entrecoupé que par quelques déménagements.
Lorsque je me suis inscrite au challenge Lire autour du monde, j'ai fouillé parmi mes livres non lus et j' ai exhumé celui-ci, un peu par hasard.
A nouveau, ce roman m'a résisté : il m'a fallu près de 200 pages d'errance pour finir par comprendre et accepter que si je me perdais tant dans ce livre tout en étant néanmoins attirée par la lecture de la suite, c'est que le narrateur-personnage était lui-même perdu dans son récit, mélangeant sans prévenir réalité, pensées, rêves, cauchemars et même souvenirs. Je me suis alors davantage laissée porter et je suis finalement plutôt heureuse d'être parvenue à bon port même s'il j'y ai mis du temps !
Le narrateur, auteur de nouvelles policières, fait une étrange rencontre dans le gros tramway rouge de Venice, un soir de pluie battante. Quelques instants plus tard, il découvre un vieil homme enfermé dans une cage à lion au fond du canal. Le narrateur est alors persuadé que le criminel est cet homme rencontré dans le tramway et qu'il n'a pas osé dévisager : il n'aura dès lors de cesse de poursuivre cette intuition et de courir après ce fantôme. Il fait la rencontre de l'inspecteur Elmo Crumley et, au fil des morts étranges de ceux qu'ils côtoient, au fil des événements inquiétants, ces deux-là vont se lier au point d'échanger inconsciemment leurs rôles : l'écrivain va se faire enquêteur tandis que le policier va se (re)mettre à l'écriture.
Il est délicat d'en raconter davantage sans déflorer l'intrigue policière. Mais ce livre n'est pas que cela. C'est un véritable roman noir avec son humour particulier, parfois son ironie tragique ; avec sa ville, surtout parcourue de nuit, véritable personnage principal ; avec sa galerie de personnages tout droit sortis d'une cour des miracles : outre l'écrivain neurasthénique et l'inspecteur passionné de plantes tropicales au point qu'il faut se munir d'une machette pour accéder à son bungalow, on croise une chanteuse lyrique si grosse qu'elle dort assise, ne pouvant se relever si elle se met sur le dos, un aveugle sans canne blanche à l'odorat et à l'ouïe sans faille, un coiffeur maudit, un psychiatre astrologue, une actrice de films muets qui endosse plusieurs rôles dans sa propre maison et bien d'autres personnages repoussants et fascinants.
La Solitude est un cercueil de verre est un roman aussi ardu que délectable : on s'y noie mais on en redemande ! Que Bradbury soit d'abord un auteur de science-fiction n'est pas étranger à cela : la narration emprunte bien souvent des voies qui sortent du réalisme classique des romans noirs pour se frayer un chemin dans un monde parallèle. Non pas celui d'une autre planète ici, mais celui d'un monde intérieur régi par ses propres codes, mu par ses propres habitudes, et finalement aussi étranger que familier. Dans le même temps, le mystère est oppressant et le lecteur n'a qu'une hâte : le percer pour respirer enfin un air plus léger et sortir enfin du brouillard qui pèse la nuit sur Venice.
Un roman noir efficace !
8 commentaires:
Je ne savais pas qu'il avait écrit autre chose que de la science-fiction. Hormis le titre, je ne sais pas si cette lecture me plairait. On arrive tout de même à comprendre si les faits racontés sont réels ou fictifs ?
@ Leil : oui, oui, on comprend bien l'histoire finalement mais c'est vrai qu'une partie des faits se déroule dans une atmosphère onirique un peu troublante.
Ok, merci ! :D
De lui je n'ai lu que de la science fiction. Et j'aimais bien. Du coup, je note celui-ci aussi parce qu'il me semble tout de même intéressant. Et en règle générale, j'aime les romans policiers...
@ Alwenn : si tu veux, je peux t'envoyer le mien !
T'as des bouquins que t'as pas lu ? ça me scotche.
@ Maazz : oh oui, quelques uns quand même ! Il y a ceux que j'ai achetés moi-même (fus un peu compulsive dans une autre vie) mais finalement pas lus, ceux qui me sont tombés des mains et auxquels je donne une nouvelle chance, ceux qui appartenaient à ma moitié avant qu'on vive ensemble (d'où certains doublons, d'ailleurs), ceux que j'ai lus mais tellement oubliés que je les re-découvre ...
Yoour the best
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