mardi 24 août 2010

Une Vie qui n'était pas la sienne de Juan José Millas

"(...) il se dit que parcourir clandestinement cet appartement revenait d'une certaine manière à marcher dans la tête de son ami. Peut-être que dans son lit d'hôpital, Manuel sentait les pas de Julio à l'intérieur de sa boîte crânienne. Peut-être qu'en mettant les pieds dans telle ou telle partie de l'appartement, il activait différentes parties du cerveau de son voisin (...)"

Première lecture de la rentrée littéraire 2010 et premier enchantement : c'est prometteur !

Quand Manuel sombre dans le coma après avoir été victime d'un  accident, la vie de Laura et Julio bascule alors qu'ils ne sont "que" ... ses voisins. Laura met soudain Julio à la porte ; ce dernier se réfugie alors en cachette dans l'appartement laissé vide de Manuel, dont il a la clé. Il devient ainsi l'observateur de la vie qu'il vient de quitter en écoutant les moindres bruits émanant de son ancien appartement, en même temps qu'il entre dans l'intimité de Manuel et découvre les petits secrets qui lui donnaient tant de prestance. Plus Julio pénètre la vie de Manuel au point de "devenir lui", plus il découvre ce qu'était en réalité sa propre existence jusqu'à lors.

Dès les premières pages, j'ai été emportée par ce récit, même si au début j'ai déploré l'absence de style en me demandant si c'était dû à la traduction. Étrangement, au fil de ma lecture, je me suis attachée à ce style, justement ... Le récit est mené à la 3è personne du point de vue de Julio, ce qui place le lecteur en incertitude constante, comme l'est ce personnage qui quitte une vie pour entrer dans une autre, à moins que ce ne soit pour entrer, enfin pleinement, dans la sienne ... Les motifs de la duplicité, de l'ombre traversent tout le roman et s'accompagnent d'une dialectique du réel et de la fiction finement menée. Les mises en abime sont elles aussi fréquentes, d'autant que Julio a un don pour raconter des histoires. Pour autant, le récit n'est pas du tout compliqué, bien au contraire, il coule avec une évidence surprenante, au vu de l'originalité de l'expérience vécue par les personnages. Comme Julio, le lecteur va de découverte en découverte mais n'en est pas vraiment surpris, comme si tout événement, bien qu'unique, était finalement bêtement prévisible.
Une Vie qui n'était pas le sienne se lit d'un seul souffle, prenant le lecteur par la main à la première page pour le lâcher à la dernière, avec en tête l'idée que sa vie peut être autre que ce qu'il croit ...



1/7

5 commentaires:

Leiloona a dit…

Voilà qui me donne envie de lire ce récit ! :D

Dolly a dit…

ton billet donne vraiment envie de découvrir ce livre je trouve.

pascale a dit…

bonjour, je t'ai envoyé un mail au sujet des livres voyageurs pour avoir tes coordonnées, je ne sais pas si mon mail est passé dans les spams ou pas. Si tu pouvais y regarder, stp, merci d'avance

Stéphanie a dit…

Que j'aime cet auteur, que j'ai la chance de pouvoir lire en VO. Je suis fascinée par son style, justement, donc il y a en effet peut-être un pb de traduction. En tout cas, je vais le proposer aux collègue pour notre prix, justement, ce titre. Merci!!

ELOAH a dit…

@ Leil : voilà qui est fait pour toi :-)
@ Dolly : tu sais que je peux te le prêter, si tu veux !
@ Pascale : je t'ai écrit !
@ Stéphanie : honte à moi, je ne connaissais même pas cet auteur de nom ... dorénavant je veillerai car j'en lirai volontiers d'autres de lui. Rien à voir mais si tu repasses ici : j'aimerais t'envoyer un mail perso pour le boulot mais je n'ai pas / plus ton adresse !