"Dans l'enfance, je pouvais passer des heures au milieu de [l']atelier [de mon grand-père], à seulement le regarder sculpter la matière, tenter de la dompter, lui donner une forme humaine. J'étais impressionné par ça, cette humanité qui surgissait peu à peu de la masse informe. Et voilà qu'aujourd'hui c'est l'humanité, la mienne, qui s'en retourne à la terre, voilà que c'est mon visage qui s'imprime dans la boue, qui s'enfonce, qui perd sa consistance."
Voilà un roman qui ne pouvait que me faire sortir de ma retraite, j'allais écrire de ma cachette et c'est presque cela. Je n'avais plus envie de bloguer, de parler, et c'est un livre qui me tire de cette léthargie. Ce n'est même plus , c'est un enchantement, c'est un livre devenu essentiel, qui ne me quittera plus. Je ne pouvais ainsi qu'avoir envie d'en parler ici !
Le roman s'ouvre sur un court compte-rendu de type journalistique qui annonce la mort de Luca Salieri, retrouvé noyé dans l'Arno, deux jours après que sa compagne Anna a signalé sa disparition.
Dès la page suivante, Luca, pourtant décédé, se fait narrateur , se raconte mort ... et la magie opère. Les voix de Luca, d'Anna mais aussi d'un troisième narrateur que l'on n'attendait pas, Léo, l'amant caché de Luca, vont alterner, murée chacune dans sa solitude, celle du mort, celles de ceux qui restent sans comprendre. Ces trois monologues se croisent, se superposent, élaborent un récit puissant, émouvant, poignant.
Dès la page suivante, Luca, pourtant décédé, se fait narrateur , se raconte mort ... et la magie opère. Les voix de Luca, d'Anna mais aussi d'un troisième narrateur que l'on n'attendait pas, Léo, l'amant caché de Luca, vont alterner, murée chacune dans sa solitude, celle du mort, celles de ceux qui restent sans comprendre. Ces trois monologues se croisent, se superposent, élaborent un récit puissant, émouvant, poignant.
Une enquête policière, menée pour comprendre cette étrange mort, fait le lien entre ces voix et, surtout, va bouleverser les êtres en portant à la connaissance d'Anna ce qu'elle aurait dû continuer à ignorer.
Malgré cet étrange dispositif qui donne la parole à un homme mis en terre, Un garçon d'Italie n'a rien de fantastique ; le roman s'apparente davantage à une tragédie classique en peignant des destins qui, en toute connaissance de cause, vont inéluctablement vers leur fin, en faisant se croiser des solitudes qui ne peuvent rien les unes pour les autres.
Malgré cet étrange dispositif qui donne la parole à un homme mis en terre, Un garçon d'Italie n'a rien de fantastique ; le roman s'apparente davantage à une tragédie classique en peignant des destins qui, en toute connaissance de cause, vont inéluctablement vers leur fin, en faisant se croiser des solitudes qui ne peuvent rien les unes pour les autres.
C'est le troisième roman de Philippe Besson que je lis et vous trouverez ici mon billet sur Son frère, là celui sur En l'absence des hommes. J'avais déjà aimé ces deux romans et j'avais hâte de retrouver la plume de cet auteur. Dans Un Garçon d'Italie, j'ai trouvé le style de Besson plus musical encore, chaque narrateur se racontant sur une mélodie qui lui est propre, les trois ensemble dessinant la partition d'un requiem, doux et inexorable. On retrouve ici les thèmes chers à Besson, notamment celui de l'amour homosexuel, plus troublant, plus beau encore que dans les autres romans que j'ai lus. Les motifs de la perte, de l'absence sont également essentiels et traités ici avec une force et des mots qui remuent.
13 commentaires:
Ton billet est très émouvant.
Je ne connais pas cet auteur et tu me donnes envie de le découvrir.
J'adore Besson et j'adore "Un garçon d'Italie"! J'ai les larmes aux yeux à chaque fois que je relis (souvent!!!) ce petit roman. Surtout les passages consacrés à Léo, le bel ange à l'innocence ravagée.
Du même auteur, n'hésite pas à découvrir "Un homme acidentel" ou la peinture d'un amour foudroyé et déchirant.
Bonne semaine!
Moi je viens de lire "seul le silence" de RJ ELLORY. C'est un triller comme j'aime en lire, mais celui là m'est resté en travers. D'abord parce que d'un point de vue littéraire il est très bien construit et moi qui ne suis pas cinéphile, je vois très bien ce que ça peut donner en film (avec un réalisateur comme Clint Eastwood par ex). Ensuite c'est un premier roman et là je dis "chapeau", le truc a dû être muri et re-réfléchi et ... ouffff... parce que tout ça laisse sur le cul.
J'ai presque peur que l'auteur en fasse un second qui ne soit pas à la hauteur, il s'est mis la barre très haut !
ça faisait longtemps que je n'avais pas pris autant de plaisir à lire.Je te le conseille!
Je n'ai pas précisé, c'est plus introspectif que sanglant même si c'est tragique.
je n'ai rien lu de cet auteur, je note ce titre car le postulat de départ m'intrigue. Bises
Le sujet de l'absence m'attire et me fait peur aussi, parfois on trouve le réconfort dans un livre... je peux peut-être m'y donner une chance de repos.
Mais je vais tenter d'y résister un peu car j'ai 5 titres de plus dans ma PAL cette semaine (!!)
:-)
@ Sarah : Je suis sûre que cet auteur te plairait !
@ Christine : ça me fait plaisir de lire que nous partageons ce plaisir. Moi aussi je relirai ce roman, c'est certain !
@ Maazz : fais une chronique sur ce livre, vite !
@ Dolly : comme pour Sarah, je pense que ça te plairait !
@ Fersenette : je comprends ce que tu veux dire ... Personnellement, j'y ai trouvé à la fois du réconfort ET de la tristesse.
c'est vrai que ton biller donne vraiment envie de le lire !
@ Mutine : veux-tu que je te l'envoie ?
Si vous passez par ici cet été, il sera encore bien temps de le récupérer mais merci c'est tout gentil !
Je ne connais pas cet auteur, ce n'est pas faute d'en entendre souvent parler pourtant. A découvrir alors!
@ Mutine : j'espère bien qu'on se verra cet été !
@ Lolli : à découvrir d'urgence alors !
chronique faite chef !
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