La deuxième session de notre défi

arrive à son terme et chacune des participantes publie aujourd'hui un billet sur sa lecture-surprise. Pour cette fois, j'ai le plaisir d'accueillir
Henriette qui n'a pas de blog et publie donc une chronique itinérante en posant son bouquin, sa plume et son petit carnet de lecture sur un autre blog à chaque session. Au début de cette deuxième session, c'est un roman de
Didier Van Cauwelaert qu'elle a trouvé dans sa boîte aux lettres :
L'Education d'une fée.
Découvrons ses impressions de lecture :

Comment fonder une famille quand on n'a eu qu'une relation en pointillés avec un père "naturel" ? Comme apprivoiser la mort ? Comment se construire malgré / après les bombes de la guerre ? Comment ne pas laisser le quotidien éteindre ses rêves ? Des interrogations, me direz-vous, bien sérieuses et bien graves dans un petit roman pourtant léger et optimiste.
Or c'est bien à ces questions que deux personnages, en voix alternées, tentent d'apporter leur réponse tout au long du livre, avec les petits expédients qui font pourtant au final les vraies solutions de vie : opter pour une paternité fondée sur la magie d'une rencontre et le choix du cœur, et non sur d'hypothétiques et aléatoires liens du sang ; mettre des béquilles aux arbrisseaux cassés et adopter une pierre tombale en déshérence ; croire envers et contre tout que la langue et la culture d'un autre pays seront plus fortes que la barbarie et en faire sa bouée de sauvetage. Et surtout, croire que la magie des fées peut sauver ceux qu'on aime, malgré eux.
Certes, les situations sont parfois peu vraisemblables, avec un petit côté "Alexandre Jardin" (qui je l'avoue humblement, n'est pas ma tasse de thé) pouvant faire un peu tiquer, et la fin peut sembler un tantinet expédiée. Mais l'ensemble est baigné d'une grâce charmante, et la polyphonie alterne plaisamment les points de vue sur les êtres et les faits. Et surtout l'on s'attache inévitablement à ces personnages légèrement excentriques, qu'ils vivent au milieu des oiseaux, des jouets ou des livres, ou derrière la caisse n°13 d'un supermarché, tous un peu blessés mais en quête et en voie de guérison.
C'est donc une lecture très agréable, presque lumineuse, qui vous rend joyeux et vous donne du peps, une sorte de cocktail vitaminé qui donne bonne mine et bon moral : à consommer sans modération.
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Pour ma part, j'ai été intriguée en recevant Le Roman de monsieur Molière de Mikhaïl Boulgakov car je n'avais lu de lui que Le Maître et Marguerite quand j'étais toute jeune et j'étais curieuse de lire un autre livre de cet auteur. Par ailleurs le titre qui mélange fiction et biographie m'interpelait.

Dès les premières lignes, le ton est donné : certes, on va lire la vie de Molière, mais pas une vie racontée par un biographe au sens où on l'entend habituellement, plutôt une vie racontée par la petite souris que nous rêvons tous d'être un jour, celle qui se faufile partout et surprend toutes les conversations, assiste à tous les petits riens qui font une existence.
Extrêmement documenté, Boulgakov s'est offert le loisir de combler les manques en imaginant ce qui a bien pu se produire là où aucune trace n'est restée. Le lecteur est donc embarqué dans la vie trépidante de Molière, de son premier cri à son dernier souffle, mais également dans l'histoire complexe de cette France du XVIIè siècle : quel voyage !
On comprend vite que Molière ait pu fasciner Boulgakov qui s'est sans doute identifié à cet homme qui n'a cessé de se battre pour créer. J'ai d'ailleurs senti beaucoup de tendresse de la part de l'auteur quand il désigne Molière par la formule "notre héros" et il est vrai que tant de ténacité malgré les difficultés impressionne et émeut tout à la fois. J'ai tout particulièrement aimé la manière dont Boulgakov explique la genèse de nombre des pièces de Molière, ce qui va très certainement modifier en partie ma lecture des dites pièces. Enfin, j'ai surtout été intéressée par les rapports entre art et pouvoir, rapports qui n'ont, en un sens, pas tant changé que ça.

Le ton léger, presque badin, des premiers chapitres, s'efface peu à peu mais n'est jamais remplacé par un ton doctoral alors même que le contenu est très fouillé, très documenté.
Boulgakov se pose ainsi en digne héritier de Molière puisqu'il instruit en distrayant !
Cliquez ici si pour relire le billet de la première session de notre défi !
Allons vite découvrir quels livre les copines ont reçu et ce qu'elles en ont pensé ! C'est parti pour une petite promenade de clic en clic en faisant des pauses chez
Gio,
Dan,
Rafafa et
Sara.