"Je ne me suis pas toujours appelé du nom que je porte, et c'est comme si j'avais vécu une autre fois. C'est comme si j'avais été un autre. Mais de cet autre, je n'ai aucun souvenir. Rien qui puisse se dire tel, plutôt les ombres floues des réminiscences où s'évanouissent, aux limites de la mémoire, les ultimes rayons d'un monde éteint. J'étais trop jeune pour les souvenirs, quand j'ai cessé d'être lui. Et cependant il a toujours occupé ma pensée, toute ma pensée. Il ne m'arrive rien d'important, ou de misérable, ou de triste ou d'heureux que je n'aie le sentiment étrange de recevoir par délégation. Nous sommes pourtant très différents, lui et moi. Pour commencer, lui avait un père, tandis que moi, je n'ai eu que le manque."
Jean-Louis Ezine, c'est d'abord pour moi une voix, ou plutôt un ton, celui d'un membre du Masque et La Plume, émission que j'ai découverte à la fin de mon adolescence, il y a donc pas mal d'années ! Je ne me souviens pas s'il y participait déjà à cette époque-là mais quand je vois son nom, j'entends aussitôt cette voix vive et ce ton définitif qui accompagnent ses critiques littéraires de digressions pleines d'auto-dérision sur Pontault-Combault ... Ainsi, quand j'ai lu ce nom au-dessus d'un titre aussi beau qu'énigmatique, quand en lisant la quatrième de couverture j'ai vu qu'il y était question de quête du père, j'ai su que ce récit me plairait et je ne me suis pas trompée. Dorénavant, le nom d'Ezine ne sera plus seulement associé à cette voix sortant de mon poste de radio, il sera également pour moi celui d'un écrivain de 60 ans gardant en lui la fragilité de l'enfant qui cherche un petit garçon qu'il a été mais qui a disparu de sa mémoire.
Les Taiseux est le récit en trois volets d'une quête.
Dans la première partie, le petit Jean-Louis, qui souffre de vivre avec cet Ezine, beau-père violent dont il porte le nom, essaye de percer le secret qui entoure son origine. Sa mère, bien que malade, cultive à la fois le secret et la complicité avec l'enfant en semant des indices tel un petit Poucet qui craindrait, un jour, de ne plus se souvenir elle-même. L'imaginaire de l'enfant se heurte à ces maigres reliefs d'une réalité qui lui échappe sans cesse, alors même que parfois il passe juste à côté.
Dans la deuxième partie, la mère mais aussi l'enfance disparues, la quête se mue en enquête qui finit par porter ses fruits mais aboutit à un résultat aussi décevant car trop tardif qu'étonnant car ce n'est pas une mais deux familles que découvre le jeune Jean-Louis. Dès lors, l'auteur s'attache à tenter non plus de découvrir l'identité de ce père mais la personnalité, la vie de cet homme singulier. A la fin de cette partie ainsi que dans la troisième, c'est à toute une généalogie qu'Ezine va s'intéresser, découvrant la récurrence étrange dans sa lignée du mystère des origines.
Ce triptyque est éminemment touchant : l'écriture, superbe, poétique, saisit le lecteur dès l'incipit que j'ai cité en exergue et l'invite à accompagner le petit Jean-Louis dans sa recherche de l'enfant ayant un père qu'il a été durant ses toutes premières années. Au récit autobiographique se mêle une réflexion sur le secret de famille, sur l'importance de l'origine, sur le mystère et ses implications.
Bien qu'ayant eu un peu de mal à me repérer parmi les personnages dans la troisième partie, j'ai été très émue par ce récit et j'ai ressenti la fébrilité de l'enfant découvrant derrière son rideau une relique déposée là par sa mère et racontant son père ; j'ai partagé l'impatience mêlée d'inquiétude de l'homme allant sonner chez une inconnue partageant avec lui une partie de ses gênes ; j'ai été saisie comme lui par cette frappante répétition d'un même mystère par-delà les générations.
C'est un livre qui se lit lentement car il se savoure. J'ai parfois relu des pages entières, juste pour le plaisir de laisser cette écriture prendre toute son ampleur. Je relirai sans doute la troisième partie car je crois que des choses m'ont échappé, je relirai aussi la première rien que pour sa beauté. Et j'ai envie de laisser les derniers mots à l'auteur :
5/50
Les Taiseux est le récit en trois volets d'une quête.
Dans la première partie, le petit Jean-Louis, qui souffre de vivre avec cet Ezine, beau-père violent dont il porte le nom, essaye de percer le secret qui entoure son origine. Sa mère, bien que malade, cultive à la fois le secret et la complicité avec l'enfant en semant des indices tel un petit Poucet qui craindrait, un jour, de ne plus se souvenir elle-même. L'imaginaire de l'enfant se heurte à ces maigres reliefs d'une réalité qui lui échappe sans cesse, alors même que parfois il passe juste à côté.
Dans la deuxième partie, la mère mais aussi l'enfance disparues, la quête se mue en enquête qui finit par porter ses fruits mais aboutit à un résultat aussi décevant car trop tardif qu'étonnant car ce n'est pas une mais deux familles que découvre le jeune Jean-Louis. Dès lors, l'auteur s'attache à tenter non plus de découvrir l'identité de ce père mais la personnalité, la vie de cet homme singulier. A la fin de cette partie ainsi que dans la troisième, c'est à toute une généalogie qu'Ezine va s'intéresser, découvrant la récurrence étrange dans sa lignée du mystère des origines.
Ce triptyque est éminemment touchant : l'écriture, superbe, poétique, saisit le lecteur dès l'incipit que j'ai cité en exergue et l'invite à accompagner le petit Jean-Louis dans sa recherche de l'enfant ayant un père qu'il a été durant ses toutes premières années. Au récit autobiographique se mêle une réflexion sur le secret de famille, sur l'importance de l'origine, sur le mystère et ses implications.
Bien qu'ayant eu un peu de mal à me repérer parmi les personnages dans la troisième partie, j'ai été très émue par ce récit et j'ai ressenti la fébrilité de l'enfant découvrant derrière son rideau une relique déposée là par sa mère et racontant son père ; j'ai partagé l'impatience mêlée d'inquiétude de l'homme allant sonner chez une inconnue partageant avec lui une partie de ses gênes ; j'ai été saisie comme lui par cette frappante répétition d'un même mystère par-delà les générations.
C'est un livre qui se lit lentement car il se savoure. J'ai parfois relu des pages entières, juste pour le plaisir de laisser cette écriture prendre toute son ampleur. Je relirai sans doute la troisième partie car je crois que des choses m'ont échappé, je relirai aussi la première rien que pour sa beauté. Et j'ai envie de laisser les derniers mots à l'auteur :
"Les feux follets sont peut-être les secrets de famille qui brûlent."
5/50
7 commentaires:
Ce que tu en dis donne vraiment envie de le découvrir !
Dis, t'en as pas marre, de réalimenter ma pile de livres à lire au fur et à mesure où je suis super fière de la faire descendre???
Quelle plume (je parle de la tienne) ! C'est dans la critique littéraire que tu devrais te réorienter.
Je trouve ce que tu écris bien plus intéressant que les résumés d'éditeurs.
@ Stephie : Veux-tu que je te l'envoies ?
@ Stéphanie : hihi, moi je renonce à noter tous les titres qui me plaisent sur les blogs des autres, j'en ai déjà 5 pages pleines !!
@ Mutine : oh tu sais, si tu lis la critique du livre d'avant, tu verras que c'est bien plus laconique ! Là, j'ai vraiment aimé ce livre, j'en suis encore riche alors que je l'ai terminé il y a une dizaine de jours, j'avais envie d'en parler, tout simplement !
Hum, déjà que j'adorais le titre ! :)) Noté ! ;)(enfin, je ne sais pas quand j'aurai le temps de le lire ...)
C'est Leiloona au-dessus ! :P
@ Leil : comme Stephie, je peux te le prêter sans problème (et sans délai :-))) ! N'hésite pas à demander !
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