"L'idée m'est venue que cet enfant n'était pas réel, qu'il sortait tout droit d'un conte. Que j'avais le droit d'y entrer pour un instant. Qu'il voulait bien m'y accepter. A condition bien sûr que je cesse de poser des questions idiotes."
Je ne saurais dire pourquoi je n'ai encore jamais parlé sur ce blog de littérature jeunesse, comme on l'appelle, alors que je trouve que les adultes feraient bien de lire plusieurs de ces romans qu'on dit, à tort, destinés à un jeune public. Je ne saurais dire pourquoi la lecture hier soir de L'Enfant Océan de Jean-Claude Mourlevat m'y décide, enfin ... mais peu importe ! Si je récidive, je créerai une rubrique spéciale. De cet auteur, j'ai déjà beaucoup aimé La Rivière à l'envers et Le Combat d'Hiver que j'ai très envie de relire depuis hier.
Yann est un enfant qui n'est pas comme les autres : âgé de dix ans, il a la taille d'un enfant de deux ans mais l'intelligence (y compris celle du cœur !) d'un adulte et il ne s'exprime que par des gestes, des regards, ce qui n'empêche personne de le comprendre parfaitement. Il est le plus jeune d'une fratrie de 7 garçons et il est le seul de la fratrie à ne pas avoir de jumeau. Ses différences physiques et intellectuelles font peur à ses parents qui, ne le comprenant pas, le maltraitent. Une nuit, il convainc ses frères de s'enfuir de la ferme familiale, au prétexte que leur père veut les tuer. Les 7 enfants entament ainsi un long périple en direction de la mer, toujours vers l'ouest, avec Yann comme guide. Sur leur chemin, ils rencontrent une ribambelle de personnages très intrigués par cette drôle de fratrie ...
Bien que destiné à un jeune public, la construction de ce roman n'est pas simple puisque la polyphonie narrative domine : chaque chapitre est raconté par un personnage différent, soit acteur (l'un des frères par exemple), soit témoin du voyage des 7 frères. Les voix mais aussi les tons et les points de vue se succèdent voire, parfois, se superposent, dressant des portraits multiples et en mouvement des personnages, invitant le lecteur à se forger sa propre opinion (notamment sur les parents), empêchant une lecture univoque, transformant le lecteur en enquêteur qui tente de faire coïncider plusieurs indices disséminés par les narrateurs pour découvrir la vérité.
Outre la complexité de cette construction romanesque, L'Enfant Océan sème des indices dès l'exergue puis l'incipit pour que le lecteur se rende compte peu à peu qu'il est en train de lire une réécriture moderne du célèbre conte de Perrault, Le Petit Poucet. Identifier alors les reprises d'une part, les transpositions du conte d'autre part devient un jeu pour le lecteur qui se demande si la fin sera la même que dans le conte ... ou pas.
On retrouve là tout l'art de Jean-Claude Mourlevat : proposer un roman à entrées multiples, qui peut séduire un jeune lecteur tout comme il peut interpeller un lecteur plus aguerri, un récit riche en émotions, dont certains personnages marquent pour longtemps.
Bien que destiné à un jeune public, la construction de ce roman n'est pas simple puisque la polyphonie narrative domine : chaque chapitre est raconté par un personnage différent, soit acteur (l'un des frères par exemple), soit témoin du voyage des 7 frères. Les voix mais aussi les tons et les points de vue se succèdent voire, parfois, se superposent, dressant des portraits multiples et en mouvement des personnages, invitant le lecteur à se forger sa propre opinion (notamment sur les parents), empêchant une lecture univoque, transformant le lecteur en enquêteur qui tente de faire coïncider plusieurs indices disséminés par les narrateurs pour découvrir la vérité.
Outre la complexité de cette construction romanesque, L'Enfant Océan sème des indices dès l'exergue puis l'incipit pour que le lecteur se rende compte peu à peu qu'il est en train de lire une réécriture moderne du célèbre conte de Perrault, Le Petit Poucet. Identifier alors les reprises d'une part, les transpositions du conte d'autre part devient un jeu pour le lecteur qui se demande si la fin sera la même que dans le conte ... ou pas.
On retrouve là tout l'art de Jean-Claude Mourlevat : proposer un roman à entrées multiples, qui peut séduire un jeune lecteur tout comme il peut interpeller un lecteur plus aguerri, un récit riche en émotions, dont certains personnages marquent pour longtemps.
Un roman pour la jeunesse, à lire aussi par des adultes
16 commentaires:
Ah, Mourlevat, je l'aime trop, lui... Bien que son dernier titre, Le chagrin du roi mort, ne soit pas exactement à la hauteur du Combat d'hiver. Mais c'est en effet un grand auteur jeunesse.
je ne l'ai jamais lu ce titre là et pourtant c'est un des plus connu!
Je suis d'accord avec toi: la littérature dite "de jeunesse" réserve bien souvent de très agréables surprises.
Je ne connais pas cet auteur, je note son nom pour une prochaine lecture.
@ Stephie : si tu aimes tant Mourlevat, je vais te rendre jalouse car une de ses sœurs est ma collègue et c'ets une femme adorable !
@ Esmeraldae : oh tu sais, L'Enfant Océan est son roman le plus vendu et je viens tout juste de le lire : il n'est jamais trop tard !
@ Christine : Oui, note, note, c'ets un très bon auteur !
Comme tu me donnes envie de continuer à le découvrir!
Comme toi, j'ai beaucoup aimé La rivière à l'envers (lu étant petite et relu par la suite) et Le Combat d'hiver m'a bouleversée.
Et ça fait des années que je me dis que je devrais lire celui-ci!
Comme vous, l'un de mes écrivains de jeunesse préférés!
A lire sans modération.
L'enfant océan est aussi très en vogue au primaire. Mes 5èmes l'avaient tous lu en CM2 et la maîtresse de ma fille va le faire lire aussi en février.
Moi je l'ai lu l'automne dernier et j'en ai gardé un joli souvenir, à la Petit Prince...
L'enfant océan est aussi très en vogue au primaire. Mes 5èmes l'avaient tous lu en CM2 et la maîtresse de ma fille va le faire lire aussi en février.
Moi je l'ai lu l'automne dernier et j'en ai gardé un joli souvenir, à la Petit Prince...
@ Stéphanie : pardon de t'avoir appelée Stephie !! Je dois tellement penser à Stephie (à qui je fais une bise au passage) que je la vois partout !!
@ Sarah : tu vois, moi aussi ça faisait longtemps que je voulais lire ce titre-ci et je ne regrette pas de l'avoir fait !
@ dan : oui, tu as raison !
@ Ada : oui, j'ai vu sur le net que c'est souvent étudié en primaire mais aussi en début de collège. J'ai hâte d'avoir une grande fille comme la tienne pour pouvoir parler avec elle de nos lectures communes !
un livre que j'aime beaucoup aussi. J'ai vu que Le Combat d'hiver était au CDI, je vais tacher de l'emprunter un de ces jours...
@ Dolly : oh, je suis sûre qu'il va te plaire aussi !
J'en ai lu des extraits et j'avais trouvé que c'était très bien écrit... mais je n'ai pas eu encore l'occasion de lire le livre en entier ...
On nous l'avait recommandé à l'IUFM, il faut vraiment que je me l'achète !!
@ Gio : si je peux me permettre : lis le, ça te plaira !
@ Flof13 : il est souvent étudié en CM2 mais parfois aussi en 6è.
J'adore ce lire ! J'en avais mis une critique sur mon blog, même s'il est vraiment super connu.
Par contre, tu me donnes envie de lire Le combat d'Hiver que je viens de voir à ma bibliothèque !!
@ Soukee : Bonne lecture ! Moi, je viens de m'acheter "La Rivière à l'envers" que j'ai lu (et emprunté) il y a longtemps !
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