"Il dit de nous , les êtres humains, que nous sommes très étranges : plus préoccupés par notre propre mal de dents que par la mort de cent mille personnes, en Afrique ou en Corée du Nord. Plus atteints par la mort d'un chien domestique que par le massacre de cent enfants au Liberia ou en Ouganda. Les dirigeants d'Angosta essaient d'éloigner la population pauvre de la ville d'en haut, pour ne pas la voir, ni la sentir et éviter ainsi les compromis et les remords. Cœur qui ne voit pas, cœur qui ne sent pas."
Quand BOB a proposé ce partenariat avec les éditions JC Lattès, j'ai hésité à m'inscrire car le thème me tentait mais le résumé du roman me semblait un peu caricatural. Finalement, même si j'ai parfois eu du mal à avancer dans cette lecture, même si je trouve le roman un peu maladroit, je suis contente de l'avoir lu car les passages qui m'ont plu voire émue, ceux qui m'ont intéressée vont effacer de ma mémoire les quelques longueurs que j'ai reprochées à l'auteur au fil de ma lecture. En outre, le simple fait d'avoir découvert un nouvel auteur, Hector Abad Faciolince, qui plus est d'un pays, la Colombie, dont je ne connais pas grand chose en matière littéraire, me ravit !
Angosta est une ville imaginaire située dans un pays réel, la Colombie, mais qui pourrait se trouver dans bien d'autres pays du monde. C'est une ville sous contrôle militaire, divisée en trois zones : les miséreux vivent "en Terre Chaude", vaste bidonville où domine la loi des narcotrafiquants ; les classes moyennes vivent en "Terre Tempérée", zone perméable entre les deux autres ce qui précisément en fait une terre convoitée par les pauvres alors que nombre de ses habitants ne rêvent que de la quitter pour aller à "Paradis" ; les privilégiés vivent en "Terre Froide", aussi surnommée "Paradis" (même si c'est loin d'en être un dès qu'on gratte un peu en surface) en tentant d'ignorer les autres parties de la ville afin de n'avoir aucun scrupule à vivre ainsi. La seule arme que les pauvres ont trouvée pour se rebeller est le terrorisme auquel les riches répondent par l'action de milices, transformant Angosta en cité où la violence, la terreur, l'injustice règnent en maîtres et donc suscitent des tentatives de résistance.
L'action du roman se résume au quotidien de quelques habitants d'Angosta, en particulier Jacobo, libraire qui préfère cacher son extrême richesse et rester vivre en Terre Tempérée dans un hôtel miteux, et Andrès, jeune poète naïf qui découvre la vie et va se révéler bien plus entreprenant qu'il n'y paraît. Autour d'eux gravite toute une galerie de personnages et l'une des grandes qualités de ce roman réside dans l'art du portrait, souvent placé en notes de bas de page comme s'il s'agissait de confidences, d'apartés, ce qui m'a bien plu. Les deux personnages principaux sont à la fois antagonistes et complémentaires, au point d'échanger presque leur stature à la fin du roman.
Le quotidien des personnages étant, de fait, peu changeant et la narration faisant souvent alterner le récit centré sur Jacobo avec le journal intime d'Andrès, j'ai trouvé qu'il y avait quelques longueurs. J'ai également fortement ressenti et donc trouvé maladroite la volonté démonstrative de l'auteur qui fait s'apparenter certaines pages à un essai, comme l'extrait que j'ai choisi de citer en exergue. Toutefois, j'ai aimé la manière dont les sentiments et sensations (l'amour, le désir, la peur ...) sont dépeints. J'ai surtout aimé le dernier tiers du roman qui, véritablement, met en scène le propos militant de ce livre et, l'incarnant alors dans les personnages et dans ce qui leur arrive, le rend bien plus patent et passionnant que les pages de discours.
Angosta est une ville imaginaire située dans un pays réel, la Colombie, mais qui pourrait se trouver dans bien d'autres pays du monde. C'est une ville sous contrôle militaire, divisée en trois zones : les miséreux vivent "en Terre Chaude", vaste bidonville où domine la loi des narcotrafiquants ; les classes moyennes vivent en "Terre Tempérée", zone perméable entre les deux autres ce qui précisément en fait une terre convoitée par les pauvres alors que nombre de ses habitants ne rêvent que de la quitter pour aller à "Paradis" ; les privilégiés vivent en "Terre Froide", aussi surnommée "Paradis" (même si c'est loin d'en être un dès qu'on gratte un peu en surface) en tentant d'ignorer les autres parties de la ville afin de n'avoir aucun scrupule à vivre ainsi. La seule arme que les pauvres ont trouvée pour se rebeller est le terrorisme auquel les riches répondent par l'action de milices, transformant Angosta en cité où la violence, la terreur, l'injustice règnent en maîtres et donc suscitent des tentatives de résistance.
L'action du roman se résume au quotidien de quelques habitants d'Angosta, en particulier Jacobo, libraire qui préfère cacher son extrême richesse et rester vivre en Terre Tempérée dans un hôtel miteux, et Andrès, jeune poète naïf qui découvre la vie et va se révéler bien plus entreprenant qu'il n'y paraît. Autour d'eux gravite toute une galerie de personnages et l'une des grandes qualités de ce roman réside dans l'art du portrait, souvent placé en notes de bas de page comme s'il s'agissait de confidences, d'apartés, ce qui m'a bien plu. Les deux personnages principaux sont à la fois antagonistes et complémentaires, au point d'échanger presque leur stature à la fin du roman.
Le quotidien des personnages étant, de fait, peu changeant et la narration faisant souvent alterner le récit centré sur Jacobo avec le journal intime d'Andrès, j'ai trouvé qu'il y avait quelques longueurs. J'ai également fortement ressenti et donc trouvé maladroite la volonté démonstrative de l'auteur qui fait s'apparenter certaines pages à un essai, comme l'extrait que j'ai choisi de citer en exergue. Toutefois, j'ai aimé la manière dont les sentiments et sensations (l'amour, le désir, la peur ...) sont dépeints. J'ai surtout aimé le dernier tiers du roman qui, véritablement, met en scène le propos militant de ce livre et, l'incarnant alors dans les personnages et dans ce qui leur arrive, le rend bien plus patent et passionnant que les pages de discours.
Une fable politique
5 commentaires:
Je pense que je ne le lirai pas mais je trouve la photo de la couverture magnifique !
Je connais très peu la littérature sud-américaine...
Ce roman-là ne me tente pas vraiment, mais j'espère que j'aurai l'occasion de découvrir d'autres auteurs de ce continent.
@ Gio : oui, moi aussi c'est la couverture qui a orienté mon choix final ! Maintenant que je l'ai terminé, je suis contente de l'avoir lu mais c'est vrai que j'ai failli l'abandonner en cours de route.
@ Christine : moi aussi je connais mal cette littérature mais j'essaye de m'y mettre ! Etrangement d'ailleurs, je n'ai pas senti ce roman si "étranger" que cela.
Le thème ne me branchait pas et malgré ton avis positif, je n'en ai toujours pas envie ;)
@ Stephie : oui, j'ai lu ailleurs que ce livre ne te disait rien :-)
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